samedi 28 février 2009

Boulot de merde.

Au projet de mouvement inter académique 2009,
votre affectation est envisagée dans l'académie de :
CRETEIL

Vision d'horreur.
Voilà ce qui arrive pour les connes comme moi qui ne sont pas Pacsées, qui ont réussi leur Capes du premier coup. On est envoyé en banlieue parisienne.

Mais de quoi je me plains ? Le ministère nous a promis cette année qu'on ne pourrait pas être nommé dans un établissement "plan violence" sans l'avoir demandé.
Chouette alors.

J'ai tout d'un coup envie de profiter de la vie que j'ai ici. Je n'ai plus la tête à m'énerver contre mes élèves, je sens que je vais les trouver bien gentils tout d'un coup.
Foutez-moi la paix. Je vais à Créteil. Tout ce que vous direz ou ferez ne peut plus m'atteindre. Laissez-moi, je dois durcir ma carapace.
D'ailleurs j'ai déjà fait des progrès : je ne souris plus. Je serai bientôt prête...

samedi 21 février 2009

Des rails

"Fixe un point, fixe un point...lâche ton verre et fixe un point" c'est ce que je me répète en boucle quand je sens que j'ai la tête qui tourne trop fort, pour éviter de me sentir comme projetée par une force centrifuge virtuelle dès que je ferme les yeux. Pour ne pas passer à l'essoreuse à salade.
"Fixe un point", c'est aussi ce que je me dis quand je marche dans le froid, en sortant du train, en rentrant chez moi, quand j'ai la tête qui tourne aussi un peu, même si je n'ai pas de verre en main. Ou quand je suis à la piscine et que je galère à finir ma longueur en crawl.
J'ai l'impression que je passe mon temps à fixer un point et à foncer dessus, m'employant à atteindre un objectif que je ne me suis pas moi-même fixé. Car s'il y a bien quelque chose que je ne suis pas, c'est ambitieuse. Je me contente d'avancer vers l'inconnu. Je crois bien que j'ai été posée
sur des rails depuis ma naissance, que mes parents m'ont juste donné une impulsion, et que depuis je me contente de rouler toujours tout droit. J'ai bien tenté de dérailler quelques fois, en sabordant moi-même la voie ferrée, j'ai aussi emprunté quelques détours, mais globalement j'avance à pleine vapeur. Je suis juste une putain de locomotive. Sur la voie de la scolarité, je n'ai raté aucune gare. Seulement voilà, je ne sais pas trop où je vais. Je me contente de regarder le paysage d'un air absent. Ah ouais, c'est cool.
J'admire juste les gens qui ont le courage d'entrepr
endre des trucs, les gens qui ont un rêve, qui ont des ambitions, qui agissent, qui provoquent le changement.
Je fixe un point, mais tel un mirage, le point s'éloigne à mesure que j'avance.

Alors en ce moment, quand on me demande "Qu'est-ce que tu deviens ?" je réponds juste "Je grossis". Et c'est la vérité.

Cette photo est extraite du magnifique site de Sam Javanrouh : http://wvs.topleftpixel.com/

samedi 7 février 2009

Ennui

Je viens de me rendre compte que j'ai loupé un super concert hier soir. Ca ne me ressemble pas. Ne plus surveiller systématiquement les soirées et concerts du coin. Ne plus sortir quasiment tous les week-ends, ne plus sortir du tout en fait.
Je suis occupée, je prends trop les transports en commun et la voiture pour avoir encore envie de me bouger les fesses le soir. Moi qui me moquais de ma sœur qui reste cloitrée chez elle dès qu'elle n'est pas au boulot, je fais moins la maligne.
Du coup je ne vois pas le temps passer. Mon forfait téléphonique est à peine entamé. Je n'envoie plus mes fameux messages "ça te dit de boire un coup ?" systématiquement suivis de "ça marche, rdv à 21h", eux-même précédant les "désolée je suis à la bourre, disons 21h30 !", la série se finissant généralement par "putain je ne trouve pas à me garer ! Je suis là dans 10mn, dslée..."
Je ne ressens plus la légère excitation, le regain d'énergie quand on se change et se prépare pour sortir. La joie de laisser courir son imagination sur l'autoroute, ne pas savoir de quoi la nuit sera faite. Oh, généralement, il ne se passe rien d'extraordinaire, mais le doute subsiste toujours.
J'ai perdu la légère culpabilité qu'on ressent quand on commande le verre de trop, celui qui nous fait perdre toute notion du temps et nous coucher à pas d'heure alors qu'on s'était juré que cette fois on ne rentrerait "pas trop tard".
Et surtout, j'ai perdu la rencontre. Bonne ou mauvaise, sensée ou loufoque, celle qui aboutit dans un bar ou au commissariat (véridique). J'aurais passé ma vie à rencontrer et à parler avec des gens croisés n'importe où. Quand j'étais petite, je faisais souvent ce fameux rêve, celui que tout le monde a certainement déjà fait et qui consiste à s'introduire chez les autres en cachette, découvrir leur maison, espionner leur quotidien, faire le tour de toutes les pièces, flâner dans leur jardin : le voyeurisme à l'état pur. En grandissant, c'est un peu ce que je fais mais simplement en parlant avec eux, en partageant un peu de leur quotidien, en découvrant ce qu'ils font dans la vie, entendre deux-trois anecdotes, quelques unes de leurs théories, me faire une idée de leurs goûts.
Je me nourrissais et m'enrichissais de ces foutues rencontres, maintenant je n'ai plus rien à me mettre sous la dent. Alors tel un serpent qui se mord la queue, je n'ai à digérer que mes propres petits soucis quotidiens. Et je suis proche de l'indigestion.

Et pourtant, je suis une grande habituée de l'ennui. A l'époque du collège, je passais toutes mes longues journées d'été à m'ennuyer avec une amie. S'ennuyer à deux, c'était mieux que de s'ennuyer toute seule. Nous avons tout tenté pour vaincre l'ennui. Des jeux vidéos qui ont fini par nous lasser aux sorties à vélo pas vraiment palpitantes, en passant par toutes les parties de cache-cache dont les possibilités étaient forcément réduites à deux.
Mais nous étions jeunes alors nous avons fait ce que tous les enfants font quand ils s'ennuient : très vite, nous avons donc entrepris de faire toutes les bêtises possibles et inimaginables qui nous traversaient l'esprit. Nous avons commencé par les blagues au téléphone, mais nous avons été coupées dans notre élan le jour où une minute après avoir raccroché le téléphone, pouffant encore, celui-ci a sonné. C'est à cette occasion que j'ai découvert avec stupeur l'existence de "l'affichage du numéro".
Une de nos grandes activités a ensuite été l'entreprise d'écrasement de marrons par les voitures circulant dans le quartier, ceci nécessitant mine de rien toute une organisation. Nous nous rendions ainsi sur une place où trônaient quelques marronniers, récupérions des marrons que nous disposions à des endroits stratégiques dans la rue, puis nous nous postions
quelques mètres plus loin et attendions avec impatience qu'une voiture passe et écrase nos marrons. Ceci se jouait au centimètre près ! Le suspense était intense, nos stratégies s'amélioraient de jour en jour. Si notre marron s'en sortait indemne, on retournait dans la rue le déplacer légèrement. Il fallait donc surveiller les roues des voitures, pour bien ajuster la position du marron. Quelle victoire lorsque nous entendions le fameux "sproutch" résultant de la pulvérisation du fruit sous les roues de la voiture qui passait par là ! Après des semaines d'activité, le bitume était incrusté d'une purée jaunâtre, ce qui ne manquait pas d'intriguer le voisinage. Nous sommes donc passées à autre chose.
J'évoque rapidement la construction d'un pont sur le ruisseau du village à partir de tôles coupantes que nous avons "empruntées" sur un chantier voisin, ainsi que la récolte de cerises sur tous les arbres du coin, et enfin, la confection de gâteaux au chocolat et munster qu'on devait ensuite manger : celle qui vomissait avait perdu.
Je crois que la plus grande aventure que nous ayons eue, c'est la découverte et l'exploration d'un fort ayant servi de bunker pendant la seconde guerre mondiale. Le paradis de toute une génération d'ados. Les rumeurs allaient bon train quant à la population qui traînait par là-bas. On parlait de skinheads, de dealers, de rencontres sordides et dangereuses. Il n'en fallait pas plus pour que nous y fourrions notre nez. Au début, nous n'avons rencontré personne dans les couloirs sombres et tagués du bunker. Il n'y avait rien à part des débris de verre et des canettes de bière. Nous avons donc entrepris d'explorer au fur et à mesure ce site interdit, s'enfonçant chaque jour un peu plus loin dans les boyaux du fort, jusqu'à ce que nous tombions sur un groupe de garçons. C'est là que l'aventure a réellement commencé. On a essayé de nous virer, gamines que nous étions, mais c'était mal nous connaître. A l'époque mon amie était déjà terriblement butée et combative, pas du genre à se laisser marcher sur les pieds, et pour ma part je me donnais des airs de garçon manqué aventureuse. Ils nous ont donc vite adoptées, ne pouvant pas se débarrasser de nous. Et nos journées consitaient à faire des parties de cache-cache dans le fort, jusqu'au jour où nous avons dû jouer à cache-cache avec les gendarmes à qui on avait signalé la présence d'adolescents dans cet endroit interdit d'accès. On a donc vite déguerpi, et n'y sommes plus retournées. De toute façon, on avait fini par découvrir que les garçons avec qui nous trainions se revendiquaient "nazis" et cherchaient en fait à déterrer des "armes" supposées être enfermées quelque part dans le bunker.

Mais aujourd'hui toutes ces "aventures" sont loin derrière moi, et je m'ennuie à nouveau. Alors pour tuer le temps, je raconte ma vie sur mon blog.
Palpitant...