vendredi 28 mars 2008

La mémoire neuve bis

Des souvenirs me reviennent dans la face comme des remontées de trip en plein après-midi quand on ne s'y attend pas. Un mot, une situation, une pensée et c'est parti pour le voyage au pays de la mémoire, je suis (du verbe suivre) le lapin blanc.
Je me revois avec Claudia au collège quand on était tout le temps fourrées ensemble. On faisait des histoires au club de tennis en prétendant qu'on était des sœurs siamoises et que par conséquent nous étions inséparables. On avançait collées l'une à l'autre.
Et pourtant, nous n'étions pas vraiment ce qu'on appelle des "meilleures amies". Une relation exclusive et malsaine. D'ailleurs à l'entrée au lycée, du jour au lendemain nous ne nous sommes plus parlées, plus vues, voire même soigneusement évitées. Personne ne l'a jamais compris. Pire qu'une rupture amoureuse...
Je suppose que nous avions tellement souffert à l'époque du collège, traumatisées par la haine que nous vouait nos chers camarades, que c'était une façon de faire table rase du passé, d'oublier ces épisodes douloureux.

Ces souvenirs de jeunesse sont très clairs, je me souviens d'anecdotes bien précises. Ce qui m'étonne le plus, c'est lorsque je me souviens de certaines soirées de ces dernières années. Alors d'accord, à l'époque je ne rentrais pas à 3h du matin à moitié saoule...

Par exemple, de tous ces dimanches passés dans un appartement qui n'était pas le mien, à rester au pieu jusqu'à 16h30 (heure à laquelle je me préparais à rentrer chez mes parents) il ne reste presque rien. Mais qu'est-ce qu'on pouvait bien se dire pendant toutes ces heures ? Aucune idée. Ou si vague...
De quoi pouvait-on bien causer pendant toutes ces soirées, de 21h à 6h du matin ? On refaisait le monde tous les samedi soirs ?

Finalement je me rappelle surtout de nos longs trajets la nuit dans le froid. Quand on marchait d'un endroit à un autre et que je grelotais avec ma minable veste de cuir en hiver. J'ai toujours eu un problème avec les contrastes bar-rue froide ou salle de concert-rue glaciale. Moi avec les muscles contractés, le nez enfoui dans mon écharpe, lui sûrement une clope au bec, moi sûrement une clope à moitié éteinte entre deux doigts surtout si j'étais un peu ivre, lui avançant dans la nuit, moi le suivant sans réfléchir en râlant à cause du froid ou en commentant les propos incohérents des gens qu'on venait de quitter, lui me disant ben oui.

Je regrette un peu cette époque où je pouvais suivre aveuglément quelqu'un dans le froid et la nuit.


Et pourtant chaque soir, dans mon lit, avant d'étendre le bras vers l'arrière et tâtonner à la recherche de l'interrupteur, je me dit putain je suis jeune c'est génial, jamais je ne serai aussi jeune, je suis à mon maximum de capital beauté, putain je devrais en profiter au lieu de me coucher tôt là...
Je devrais sortir, aller draguer des minets, me prendre des vents, boire pour oublier ma honte jusqu'à finalement tout oublier, et me souvenir quand je serai vieille que c'est flou mais ça avait l'air chouette.

dimanche 23 mars 2008

again again...

Une nouvelle sorte de réunion de famille cette fois. On rencontre la belle-famille, les parents du beau-frère ainsi que la tata-vieille-fille qui vit avec eux, pour la première fois. Comme toujours, je ne me sens pas à ma place, mal à l'aise. Je n'ai rien à dire à ces gens....
Ma mère entretient avec beaucoup de talent la conversation. J'écoute d'une oreille distraite. Je ne peux m'empêcher de me mettre en retrait, prenant de la hauteur pour mieux observer la scène avec mon cynisme habituel, l'œil critique mais un sourire poli au bord des lèvres.
De temps en temps je laisse échapper un "ah ben oui" pour a
pporter une contribution symbolique à la conversation.

Le déjeuner au restaurant sera long, assez salé et s'achèvera vers les 15h. Déjà qu'en temps normal je n'ai qu'un intérêt moyen pour la nourriture, là c'est presque une torture pour moi que de faire s'éterniser un repas de la sorte... Je mange pour apporter les nutriments nécessaires à ma survie et mon bien-être en essayant de le faire le plus sainement et léger possible. Point final.

Au retour, j'avertis mes sœurs que les parents ont prévu une tarte flambée le soir : elles s'affolent et demandent officiellement s'il serait possible de ne faire réchauffer qu'une soupe. Ma mère qui avait l'habitude de mes négociations pour manger le moins possible lève les yeux aux ciel, soupire et m'envoie d'un air agacé, "ah, tu les a convaincues ?" Comme exceptionnellement j'étais innocente, j'en profite pour faire un scandale....

Le soir, comme il était convenu quelques jours avant, j'envoie un SMS à L. l'invitant à m'accompagner boire des bières et papoter.
J'aurais dû me douter que je n'étais pas encore sortie de la spirale des faux plans.
A 21h toujours aucune réponse....
Les mecs ont tous perdu leur portable en ce moment ou quoi ?! Cette fois je lui téléphone.
Après une courte explication, notre conversation se finit par "on se tient au courant par mail" ce qui signifie bien sûr "t'es gentille mais en ce moment j'ai pas vraiment envie de bouger de chez moi juste pour te voir"

Et pour finir la soirée en beauté, j'ai découvert à mon grand désarroi que le type de l'autre soir chantait en fait "I want the end of my crawl" alors que j'ai cru tout ce temps qu'il disait "I am the air patrol" ce qui évidemment n'avait aucun sens....




mercredi 19 mars 2008

And the bloody nose drips : drip drip drip drip drip....

Le garçon était sur un muret.
Le garçon a trébuché.

Le garçon est tombé.


Maintenant, le garçon m'obsède. Depuis plusieurs heures, son image tourne en boucle dans mon cerveau. Je le vois encore étendu par terre, de tout son long, son doux visage d'adolescent baignant dans une flaque de sang. Une flaque tellement authentique que même dans les films ils n'arrivent pas à faire un trucage aussi réaliste. Son sang s'étale sur le bitume, épais, d'un rouge profond.
Ce jour là il fait un temps superbe, la flaque luit au soleil, nous offrant des reflets magnifiques... On dirait un miroir dans lequel le garçon aurait pu se regarder et constater les dégâts s'il n'y plo
ngeait pas lui-même sa gueule d'ange.
Puis le garçon a fini par bouger, il a appuyé ses mains par terre pour se redresser, avant de tourner son visage vers moi, l'air hagard, la bouche vermillon. Il a ensuite semblé remarquer le sol mouillé et chaud, et n'a pas mis longtemps pour faire le lien avec le liquide qui s'échappe toujours de son visage.

Ensuite, tout va très vite. Comme c'est une rue très fréquentée à cette heure de la journée, d'autres personnes présentes agi
ssent. A nous tous, nous n'avons pas assez de mouchoirs pour éponger le visage du garçon. Le lycée est juste à côté, des enseignants accourent, ils contournent la flaque, on va chercher une couverture à l'infirmerie, quelqu'un appelle les pompiers.
Quelques minutes plus tard, les sirènes résonnent déjà au loin, on peut suivre la progression du camion à l'intensité sonore croissante qui atteint n
os oreilles. Je n'ai jamais été aussi soulagée et heureuse de me faire casser les tympans par ce bruit lancinant.

Le garçon était sur un muret, avec son look de jeune bourge à la mode. Peut-être même qu'il montrait à ses potes comment il gérait bien le mouvement des chevilles en même temps que ses bras tourbillonnent. Maintenant, son jean slim est râpé, son sweat à capuche est tâché, son nez sûrement cassé...
Quel gâchis. Un si beau garçon.







vendredi 14 mars 2008

06 58 39 ... ...


Ouais.

Ouais-ouais-ouais....
Que d'la gueule ouais !

Il a pas rappelé....

Oh et puis merde, je suis très bien comme ça là, toute seule, là, comme ça...
Et tous ces connards partout qui sont en couple en ce moment. Heureusement que ma meilleure
amie est aussi seule. Comme ça on peut aller toutes les deux au ciné, on peu aller picoler à 16h sans personne qui nous emmerde, sans avoir besoin de planifier ses week-ends, de débloquer du temps pour le copain qui se sent délaissé.

Et si je lui envoyais un SMS ?


En plus c'est pas la première fois qu'on me fait un coup comme ça. Je me souviens, il y a deux-trois ans, un type rencontré à la bibliothèque. Je l'avais croisé à un concert la veille, il m'a reconnue, adressé la parole. Un putain de gars en musicologie. Un putain d'artiste. Comme tous les autres (les artistes c'est pas des gens fiables).
Eh ben ce mec, il m'a carrément posé un lapin !
Et que ça se la pète, et qu'alors que j'étais plongée dans mes cours à côté de lui, ça m'écrit son nom et son téléphone sur un signet carré et jaune fluo de la bibliothèque, ça me le pose à côté de moi en se levant pour partir, presque sans un mot. "Si ça te dit..." Je crois que c'est ce qu'il a murmuré avant de disparaitre.
C'était presque la première fois que quelqu'un faisait mine de s'intéresser à moi. A l'époque, je n'avais pas de portable, je ne comprenais pas encore la facilité avec laquelle tout le mo
nde diffuse son numéro... Alors j'ai laissé passer quelques jours, et je l'ai appelé.
On a un peu papoté, et je lui ai proposé de se revoir une fois.
On s'est donné rendez-vous un après-midi à la bibliothèque, à la même table que la dernière fois -comme ça on ne risque pas de se rater-

Le jour J j'étais excitée comme une puce, ultra fière de ce banal rencard ! Je suis arrivée en avance, mais n'osais pas me poster à la table du rendez-vous. Alors j'ai laissé passer 7mn avant de me décider à pointer mon nez dans la salle.... Personne à la table. J'ai parcouru la salle tout en me sentant un peu gênée, debout à dévisager tous les lecteurs. Il faut dire que je n'ai pas une très bonne mémoire des visages, et que je n'avais aperçu ce type qu'une fois.
Un peu dépitée, je suis sortie de la salle, me suis cherché une bande dessinée pour la lire à la fameuse table de rencard dans le but de me donner un air désabusé et décontracté.

Comme ça, il s'est passé 15mn puis 30mn puis 45mn. Au bout d'une heure, j'avais déjà relu la bande dessinée trois fois, et j'étais complètement abattue.
Déçue, un peu en colère, j'ai rangé mes affaires et je me suis taillée. Sur le coup j'ai failli téléphoner à cet enfoiré, m'abaissant à lui faire remarquer qu'il était en train de me poser un lapin et que c'était pas très sympa tout ça.
Mais finalement, j'ai ravalé mon dépit, mis ma fierté dans ma poche, un mouchoir par dessus.... et je n'ai plus jamais tenté de joindre ce bel inconnu.


Depuis, je suis un peu blasée, j'ai appris à ne pas prendre à cœur toutes les promesses à deux centimes de beaux parleurs qui égarent mon numéro....





dimanche 9 mars 2008

ça ne se refuse pas

Je frissonne, et j'ai comme une boule au ventre. L'album d'Under Byen que j'écoutais en conduisant n'y est peut-être pas totalement pour rien.... Je me sens néanmoins étrangement tendue, comme la toute première fois que je suis allée seule à un concert. Un coup d'œil vers l'écran lumineux, il est encore un peu tôt, je peux me permettre de rester un peu au chaud dans la voiture en attendant la fin du morceau. Cinq minutes plus tard, je sors.
Il y a déjà un peu de monde dans la salle. Je salue les têtes connues, puis je me prends une bière au bar. Réflexe de survie : ça occupe les mains, ça donne une contenance et ça embrume agréablement le cerveau.
Je commence à passer un agréable moment.
Même si je suis toute seule.
Je me marre bien en regardant les mecs qui sont sur scène, puis je me prends une autre bière. C'est marrant, on ne me rend pas la même monnaie qu'avant. Je ne fais pas de commentaire et j'empoche. En soirées j'ai tendance à tout empocher, n'importe quoi n'importe où, et le lendemain matin je retrouve plein de ferraille et de petits papiers au fond de toutes mes poches : blouson, pantalon, au fond du sac à main, sur le côté du sac à main... C'est comme les œufs de Pâques.
Bref, j'empoche et je sors fumer.

Un mec déjà passablement éméché m'aborde. Il me raconte n'importe quoi sur la façon que j'ai de recracher la fumée, il a un accent bizarre, je ne comprends pas tout. Il me demande comment je m'appelle. "
Je m'appelle pas". Lui non plus ne s'appelle pas. D'ailleurs on ne sait jamais qui on est. Je peux être quelqu'un aujourd'hui et quelqu'un d'autre demain. On part dans un délire alcoolique qui se veut philosophique jusqu'à ce qu'il conclue qu'il est un mauvais dragueur. -Personne n'est parfait-. Il me demande ce qu'il peut bien dire pour draguer, à part raconter n'importe quoi. Je lui dis qu'il n'a qu'à inventer, après tout on s'en fout.
Le pauvre doit penser qu'il est encore tombé sur une folle. Il me demande ce que j'ai pris comme drogue ce soir, mais que lui n'en prend pas.
Lassée, je finis par lui expliquer que je vais rentrer, que je préfère qu'il ne m'accompagne pas, que je sais que je suis méchante, que même les jolies filles sont méchantes, que c'est plus facile d'être méchan
t que d'être gentil, et que de toute façon je ne suis pas là pour ça, être gentille. Je le plante sur le trottoir, un peu désorienté, un peu intrigué.

Je frissonne toujours, ça doit être la fatigue. Je reprends une autre bière tout en me disant que c'est pas raisonnable puisque je prends la voiture après. J'écoute la musique, j'admire les personnes sur scène, j'envie leur apparente confiance en eux.

En ressortant pour fumer une clope, j
e croise S. C'est le seul homme que je connaisse qui a vraiment envie de savoir si ça va bien. Avec lui, on ne balaye pas cette question rituelle d'un revers de "ça vaaa et toi?" Il ne dit pas ça pour ouvrir le dialogue avant de s'en débarrasser vite fait, lui il écoute la réponse, et perçoit très bien les émotions. Je ne sais pas très bien si c'est parce qu'il est hypersensible qu'il est devenu alcoolique, ou si c'est parce qu'il est alcoolique que ça l'a rendu hypersensible.
Il m'accompagne dehors, je grelote tellement avec ma bière froide à la main qu'il me frotte le dos amicalement. Je lui dis que ça va aller, et bizarrement il a l'air de mal le prendre, m'expliquant qu'il fait ça naturellem
ent, que je n'ai pas à être gênée, mais que si ça m'embête il arrête.
Je ne sais pas très bien si c'est parce qu'il est parano qu'il est devenu alcoolique ou si c'est parce qu'il est alcoolique que ça l'a rendu parano.
Il fait mine d'enlever sa veste, je l'arrête. Oui, je suis sure, ça va aller, c'est le contraste avec l'intérieur.
On rentre. Je regrette de ne pas avoir pris un café à la place d'une nouvelle bière.

J'erre un peu dans la salle, légèrement grisée par l'alcool. Je ne rencontre personne à qui parler, je m'ennuie et il est tard. Je décide a
lors de ressortir, je ne sais plus très bien ce que j'avais l'intention de faire : sûrement fumer ma dernière cigarette avant de rentrer.
Je fouillais maladroitement dans mon sac à la recherche du paquet, les yeux à demi clos, l'air fatigué, lorsqu'un garçon vient vers moi, un verre dans chaque main et m'en tend un. Allons bon. Merciiiii. Un verre, ça ne se refuse pas. Comme je suis de plus en plus fatiguée et de moins en moins claire, je deviens bavarde, même si je claque des dents à cause du froid. On parle de musique. On a les mêmes goûts, on était aux mêmes concerts. Il a l'air très gentil, pas vraiment canon mais très gentil. Je lui demande ce qu'il fait, et je
tire la conclusion que je suis encore tombée sur un glandeur. Comme 90% des gens, il lâche un "ouahouuu" qui sous-entend "merde, t'es une tête toi !" lorsque je lui raconte ce que je fais. Alors qu'il me dit qu'il compte maintenant rentrer chez lui, il me demande tout naturellement s'il peut m'inviter boire un verre un de ces soirs.
Passablement pompette je couine entre deux hoquets quelque chose comme ben ouiii pourquoi paaaas et lui dicte mon numéro de téléphone.
En ressortant, je recroise S. et lui fais le petit signe de main typiquement féminin signifiant "je m'en vais" avec un grand sourire. Il me répond laisse moi te faire un gros poutou et m'enlace avec son affection câline d'alcoolique qui n'est plus à jeun, se reculant ensuite pour me regarder dans les yeux tout en me tenant les deux manches : et surtout porte-toi bien.


Sur le chemin du retour, je pense que merde, c'est quand même super facile de m'extorquer mon numéro !

Maintenant, j'attends qu'il me contacte. Le seul problème c'est que j'ai oublié son prénom...




samedi 8 mars 2008

i thought i was someone else someone good

Encore une journée agitée.

Le cerveau encombré de formules, je rêve que je rêve, j'essaye de m'endormir, je lutte pour me sentir partir, plonger, m'enfoncer mais je ne parviens qu'à m'enfoncer plus profondément dans les remords, la frustration, le dépit, l'énervement contre soi-même.
A cran....

La salle d'examen est immense, il y a comme des boites à chaussures tout en haut d'une étagère. J'en profite pour repérer où sont les toilettes, il faut traverser toute la salle de conférence, pour emprunter un couloir rouge sang. Il y a une chaise emmêlée dans des cordes et dont les pieds sont fixés au mur, une étrange chaise peinte en blanc qui lévite sur ce mur rouge sang. Je souris.

Plus tard dans la soirée, à l'hôpital, les murs seront roses. Toujours cette odeur désagréable, entre la soupe et le latex dans les couloirs, c'est oppressant. Ça donne envie d'aérer en grand, mais c'est impossible. Les sacs poubelles bleu clair débordent de gants usagés, de compresses, d'emballages, on croit voir des taches de sang mais c'est peut-être notre imagination...
F. est allongé sur le lit aux draps trop bien tirés, il n'a pas le droit de se lever. Un truc en plastique où il peut pisser est posé à côté de lui.
F. est trop grand pour son lit, il touche la barre en métal avec ses orteils. On lui a apporté un lapin en chocolat. C'est bizarre de le voir tout raplapla ce grand gaillard de 21 ans.
Il est branché sur une espèce d'oscilloscope qui mesure ses constantes. On s'amuse avec son rythme cardiaque. Tiens, t'es passé à 57 ! Ahaaa c'est la jolie infirmière qui t'a fait remonter à 72 !
Son cardiologue arrive, on doit le laisser.

Je me pose enfin à la maison à 21h. Le temps de faire mourir madame Bovary et je sombre enfin dans ce sommeil que je cherchais tant alors que rien n'était encore joué.

mercredi 5 mars 2008

Mon ami

Mon ami le blog :

Déjà que j'avais tendance à me regarder vivre, maintenant c'est encore pire à cause de toi : j'en tire profit.
Quand je me balade dans la rue, quand je fais quelque chose de marrant, quand je rêve, je pense tout de suite "tien
s, faudrait que j'écrive ça dans mon blog".

Par ta faute j'imagine l'avenir.

Par ta faute je réécris le passé.
Par ta faute j'oublie le présent !!

Déjà que j'avais tendance à parle
r toute seule, maintenant c'est encore pire à cause de toi : j'écris toute seule !





dimanche 2 mars 2008

T'es trop cool pour moi

Dès que je l'ai vu traverser d'un pas rapide la salle de concert, je me suis dit "ouahh ce type il a trop la classe". Puis il était sur scène quelques minutes après : il jouait dans le groupe qui faisait la première partie. Triple classe. C'était il y a 3 ans, ou peut-être 4 ans je ne sais plus. Depuis, ce type je l'ai revu. Plusieurs fois. La plupart du temps dans des salles de concert, ou à la Fnac, ou au cinéma, ou dans un bar, ou dans un festival. Toujours scotchée, paralysée quand je l'apercevais. Fascinée par son charisme. Ensuite, par hasard, j'ai fini par apprendre son prénom, et ce qu'il faisait dans la vie. Par hasard je me trouvais souvent près de lui s'il était dans le public. Par hasard j'allais voir tous les concerts auxquels il participait. Par hasard, j'ai même lié un semblant d'amitié avec son ex...

Evidemment, il ne m'a jamais remarquée.

Et pourtant, je ne sais pas, je ne pens
e pas être totalement dénuée d'intérêt. Ou si ? Difficile à dire. J'ai déjà fasciné moi aussi. Je me suis déjà fait draguer, par des garçons, par des filles.
Se faire draguer c'est agréable, ça flatte notre ego. Mais aller vers quelqu'un pour lui parler de la pluie et du beau temps, lui extorquer des informations, passer pour quelqu'un d'intéressant... très peu pour moi. Je
me sens ridicule. Ou plutôt je me sentirais ridicule puisqu'à vrai dire je ne l'ai jamais fait.

Moi je ne suis pas "intéressante", ce que je ne fais n'inspire ni respect ni admiration, ni envie. Après quelques verres, la conversation tourne systématiquement vers mes études, et là je suis partie dans mes délires récurrents. Je saoule 100% de mon auditoire avec mes histoires, j'essaye de
vendre mon bifteck à tout prix, comme si je voulais convaincre mon jury que c'est trop cool.
Etre cool c'était un peu mon but ultime fut un temps. Un peu comme tous les ados quand il entrent dans le monde fascinant des adultes. Et lorsque je m'y suis enfin frottée, j'ai sauté quelques étapes. "Rendez-vous Avenue des Champs Elysées de la cool attitude, ne passez pas par la case Départ, ne tou
chez pas 20 000 Francs"

T'es vachement cool comme nana, oh oui encore, ce que t'es cool, t'es trop cool vraiment, j'adore comme t'es cool, viens on va faire des trucs cool, et tiens, puisque t'es cool on se refait une ligne ?
Ahahaaaaa je lui ai fait la peau à l'autre intello coincée sérieuse et naïve ! Maintenant je suis coooool ! T'as vu ?


Je ne sais pas pourquoi, mais j'imagine que ce genre de type qui traverse nonchalamment la salle de concert, avec un air assuré que je n'aurai jamais est attiré par des filles bien plus cool que moi. Ne serais-je qu'une "fake" ?