vendredi 30 avril 2010

Last night I dreamt that somebody loved me...

Hier j'avais rendez-vous dans un bar près du campus pour boire un verre avec celui que j'appellerais mon "meilleur ami" depuis le lycée. J'ai donc traversé tout le campus, jetant des regards attendris et nostalgiques vers les étudiants prenant le soleil et fumant des cigarettes roulées "Fleurs du pays". Les membres de l'amicale de chimie avaient déjà sorti la colonne de bière à 15h et s'employaient à la descendre tout en commentant les cours ou en imitant leurs profs. Au fil des différents bâtiments du campus que je longeais, des souvenirs jaillissaient et me faisaient sourire malgré moi. Ainsi me sont revenues en mémoire mes longues journées enfermée dans un laboratoire de chimie, oscillant entre le fou rire et les larmes lorsque j'obtenais, au terme de la dizaine d'étapes du fastidieux protocole de synthèse, une substance indéfinie proche du gloubiboulga qui passait intégralement à travers les trous de mon filtre Büchner dans un bruit de succion tandis que mes voisins récupéraient de magnifiques cristaux dans leur filtre.
D'autres souvenirs de séances interminables d'optique, enfermée cette fois dans les pièces plongées dans le noir alors que le soleil de juin réchauffait la pelouse du parc d'à côté où j'aurais bien aimé bronzer. Ah l'optique, les délires avec ma binôme de travaux pratiques, les acrobaties de mon camarade dans le noir (n'y voyez aucune allusion salace, je parle de véritables acrobaties dignes d'un spectacle de cirque). Puis l'UFR de mathématiques : je visualisais encore parfaitement notre (ténébreux et sexy) professeur de travaux dirigés de géométrie et ses fameux "Plan Q" et "point G" qui nous faisaient toujours autant marrer même post-Bac. Et ce gentil prof d'informatique qui tentait de nous faire créer des petits programmes sans queue ni tête (du moins pour moi) avec Mapple…
Enfin je suis arrivée à la terrasse du bar où j'ai attendu mon ami qui est arrivé une dizaine de minutes plus tard pour me tirer enfin de mes rêves. Quatre heures à discuter à bâtons rompus, quatre heure de pur plaisir, de confidences, de retour en arrière sur notre passé, nos aventures et nos projets. Quatre heures à refaire le monde sans voir le temps passer. J'ai enfin trouvé quelqu'un à qui je peux tout confier, quelqu'un face à qui je me mets à nu en toute confiance et sans avoir peur d'être jugée. Il m'a d'ailleurs raconté un rêve étrange : il était à l'opéra et dans son rêve il a eu la révélation du siècle, celle d'aimer passionnément l'opéra. Une sorte de découverte subconsciente. Depuis il a envie d'y aller. Ce phénomène m'a interpelé, le fait de prendre conscience de quelque chose grâce à un rêve.

Ainsi cette nuit, après l'agréable soirée passée en sa compagnie, j'ai rêvé que je tombais amoureuse de lui, qu'après avoir dormi et couché ensemble on était enfin heureux tous les deux. Pour la première fois je ressentais ce sentiment amoureux qui m'est pourtant étranger. Et ce matin, sentant encore de "vrais bras autour de moi"* c'est avec la sensation d'avoir eu moi aussi la révélation du siècle que j'ai émergé : c'est une évidence que l'on est faits pour être ensemble. Cette nuit j'étais amoureuse de lui ce qui est très étrange puisque jamais je ne l'avais envisagé et que depuis sept ans
je l'ai toujours considéré comme un ami. Pourtant cela devait bien être niché quelque part dans ma tête puisque je l'ai rêvé.
Toutefois après les plombes, habituelles en vacances, nécessaires à émerger totalement, j'ai rejeté l'idée pourtant extrêmement séduisante en rêve, mettant ceci sur le compte d'un moment de faiblesse et de la longue période de vide sentimental et de manque d'affection que je traverse en ce moment. Cette sensation de plénitude que j'ai confondu avec de l'amour s'est lentement évaporée au fur et à mesure de ma journée, laissant place à de la lassitude. N'empêche que je donnerais beaucoup pour pouvoir vivre ce rêve, peu importe l'autre protagoniste.

*Voir paroles de The Smiths


jeudi 22 avril 2010

Soirée de merde

Ça y est il est 2h du matin et je viens de tomber par terre en essayant de m'asseoir sur un siège. Je commence à envisager de prendre un taxi pour rentrer. Je ne me sens pas très bien, ma copine se fout de ma gueule "ouah la chute !". Je m'en veux. Une fois de plus je m'étais dit que je ne rentrerai pas tard, que je serai raisonnable et je me suis encore fait piéger. Tout est allé un peu vite. La rouquine de la dernière fois m'arrache ma pince à cheveux, foutant en l'air mon pseudo chignon, puis bien plus tard dans la soirée elle me renversera ostensiblement tout son verre dans le décolleté. Me voilà obligée de lui emprunter un T-shirt Kookaï à dentelles complètement transparent. Mais pourquoi fait-elle ça ? Je pense que c'est parce qu'une fois de plus j'ai été cataloguée comme la nana coincée qu'il faut absolument décoincer en lui infligeant le bizutage classique de base. Fonctionnaire en plus. Quelle misère.
Mais je m'entends bien avec un de ses potes qui est célibataire. Donc tout n'est pas noir. Soirée débauche, une fille qui vient de se faire larguer tente d'allumer un autre mec. Et tout ça dans un studio de 26m². Puis soudain, basculement, Monday Morning est de retour, je me détache alors de la réalité et observe mon environnement d'un regard extérieur, ne parlez plus à B. elle n'est plus là. J'observe ledit pote célibataire en train de danser avec la rouquine puis avec ma copine. Soupir. Je fais le tour de la table, ceci a pris entre 5 secondes et 15 minutes, je ne m'en rappelle plus, à la recherche d'une bouteille à finir pendant que tout le monde flirte. Les fesses sur le matelas, je m'occupe du chien. J'entends une voix d'homme "tu as l'air toute nostalgique, comme ça, à caresser le chien" mais je ne me souviens pas de son visage. Je pense à Louis Garrel appuyé sur le toit d'un taxi et répondant "Je suis très mélancolique" à la question "ça va ?". Puis j'enlève mes chaussures et me fout sous la couverture. Ma copine me rejoint pas très loin, puis ledit mec célibataire vient se mettre entre nous. Sauf qu'évidemment c'est vers ma copine qu'il se tourne. Quant à moi, je me tourne vers le mur et soupire une dernière fois tout en me battant pour récupérer un peu de couverture. Tout ce que j'aurai gagné de cette soirée, en lot de consolation, c'est le numéro de mon futur dealer.
Le lendemain, après une nuit très courte à quatre ou cinq dans un lit, dont un ronfleur, je rentre par le métro de 7h30 du matin, complètement fracassée, croisant le regard des gens frais et pomponnés qui vont travailler. Moi je suis en vacances, j'ai 24 ans aujourd'hui, je suis prof et je vous emmerde !


jeudi 15 avril 2010

Nouveau message

Plus de notes en deux mois, pourtant chaque jour je pense qu'il faudrait écrire, mais chaque jour je ne sais pas trop quoi dire. Même si en y réfléchissant, il y a deux ans je n'avais pas grand chose d'intéressant à dire non plus et pourtant j'étais plus prolixe. Alors je parlais pour ne rien dire ? Je crois plutôt que je parlais pour mieux ressentir, pour le revivre et le faire partager à travers mes écrits. C'est peut-être ça aussi "grandir", ne plus être nombriliste, ne plus croire que ce qu'on pense intéresse la terre entière tellement c'est original et profond.
Me taire car si je dis ce que je ressens, mettre des mots sur mon sentiment profond me donne envie de pleurer. Mais la fatigue extrême me délie bien la langue, mes vendredis soirs à m'envoyer des cocktails se ressemblent plus ou moins, mes lundis à bailler, mes mardis à enchaîner 8h de cours dans un état second m'épuisent. Alors entre la sixième heure et la septième heure, je vide mon sac en salle des profs. J'ai parfois l'impression d'être un paillasson, essuyer les provocations, l'insolence, ou simplement le mépris... Le fait de ne pas être traitée comme une adulte qui représente l'autorité mais comme un détail, une moins que rien me mine. J'ai presque envie de sangloter, prévoyant que les deux dernières heures vont encore mal se passer comme d'habitude. Mais finalement pour une raison inconnue ça se passe bien et ça m'a réconforté... De la complicité se crée entre certains. Alors qu'en début d'heure personne n'écoute, je lâche faiblement dans un soupir "youhouuu j'existe...." avec un air blasé ce à quoi répond Stéphanie (au premier rang) "Oh madame, ne déprimez pas..."
Cette phrase qui aurait pu m'achever m'a au contraire remonté le moral. Passer enfin du statut du paillasson à celui de l'être humain. Cette année j'ai appris énormément de choses, je ne suis pas encore au point mais j'analyse mieux les situations et je commence à m'en sortir. Évidemment je n'en suis pas encore au point des profs chevronnés qui n'ont jamais ramassé un carnet de correspondance alors que moi je passe mon temps à cela. Je n'en suis pas au point de vanner les élèves, je n'ai pas un sens de la répartie très développé et je marche encore sur des œufs mais je sens que bientôt j'aurai plus d'assurance...

En attendant je croise des bobos et ces petites bêtes me passionnent déjà. Mon nouvel objectif est de réussir à m'incruster dans une soirée bobo d'étudiants à la Sorbonne dont les parents possèdent une villa sur la côte méditerranéenne et je suis plutôt en bonne voie. De toute façon j'ai toujours admiré ces nanas décomplexées qui disent "youpi" à tout tandis que je dis "euhh" à tout. Cette rouquine qui prétend s'être débrouillée pour, dans la même soirée, persuader deux types différents qu'il étaient chacun en couple avec elle me bluffe. Et pourtant elle n'est pas si jolie. "Comment fais-tu ?" lui demandais-je, elle m'a répondu avec un haussement d'épaules.

Sur ce, je vais essayer de me trouver une petite robe, tenue de camouflage si je veux réussir à m'infiltrer dans le monde des bobos branchés. Bientôt les prochaines aventures de Monday Morning qui se bourre la gueule au champagne et y repense avec nostalgie devant un café en salle des profs, faisant abstraction des hurlements des gamins dans le hall.