dimanche 19 juillet 2009

Mon amie Sciences-po

Me voilà encore en train de conduire vers la ville pour retrouver mon amie "Sciences-po" celle des scandales, celle qui m'appelle à la dernière minute pour aller boire un verre, celle qui a 559 amis sur facebook...
Sauf que cette fois-ci, mon amie a changé. Déjà elle est à l'heure, ce qui tient du miracle, ensuite elle ne parle pas tout de suite de ses supposées conquêtes avant d'avoir fini son premier verre. Mais je m'en fous car j'ai déjà décroché.
Un peu plus tard on décide de prendre un troisième verre ailleurs. Je la suis. Là elle m'emmène dans un bar un peu classe, connu pour regorger de parlementaires ou de working-men bossant au
conseil de l'Europe. J'ai l'impression d'être plongée dans l'univers de Brett Easton Ellis, entourée de types en costume, chemise blanche froissée par la journée au bureau. Impressionnée par la page entière consacrée aux Whiskys de la carte, je commande néanmoins un verre de vin blanc à 5€. Je souris car je reconnais bien là les fantasmes de mon amie Sciences-po, et bien que non totalement indifférente au charme du costume cravate, je préfère garder mes distances.
Au bout de cinq minutes, ma comparse s'est déjà fait aborder par un type passablement bourré au gin tonic (?) dont je ne comprends rien aux propos, sa diction étant altérée par l'alcool et la musique résonnant dans mes oreilles. Au bout de quelques instants, le lourdingue tapote déjà amicalement la cuisse de mon amie. Tel un chien de garde, je lance un regard appuyé au type hilare. Celui-ci ne tarde pas à se moquer de moi, disant que
je "me fais chier", que je ne souris pas assez, qu'il faut que je me décoince ou je ne sais quoi encore, ce qui a le don de m'énerver au plus haut point, d'autant que c'est souvent qu'on me fait la remarque. Eh ouais, je suis rigide, je suis autoritaire, en particulier avec ce genre de connards. Ironique, je prends alors part à leur conversation, je lui parle en quelques mots de mon métier, ce qui, comme d'habitude, engage la polémique sur les collèges de banlieue. Je me prends en pleine gueule que de toute façon ces gosses sont perdus, que ce que je ferai ne servira à rien blablabla, ce qui, il faut le dire, m'énerve encore plus. Non mais de quoi il se mêle celui-là ? Comme beaucoup de gens, ce monsieur a une théorie sur l'éducation et de nombreux conseils à me donner, conseils que j'écoute en disant "oui-oui" de temps en temps. Plus il boit et bavarde et plus je bouts intérieurement.
S'ensuit une tentative d'avances pitoyable basée sur une comparaison entre nous et les signes + et - des charges électriques (ben oui, je suis prof de physique donc forcément je suis obsédée par les sciences), image que je fais semblant de ne pas saisir, jouant la naïveté jusqu'au bout "mais enfin, la matière est électriquement neutre, c'est impossible qu
e tu sois chargé négativement et moi positivement enfin, je ne comprends pas...".
Je commence à me lasser de cette situation, d'autant que j'ai fini mon verre depuis un moment déjà. Alors je me retourne progressivement vers mon amie Sciences-po, présentant ma nuque à mon interlocuteur et invitant ma complice à faire semblant d'avoir avec moi une conversation animée et passionnante. Celle-ci joue le jeu, me demandant toutefois "tu as envie de partir ?", ce à quoi je ne sais pas encore quoi répondre. Je pèse le pour et le contre, jusqu'à ce que je sente le visage ébahi du boulet se poser sur mon épaule
gauche, ledit visage éructant mon prénom suivi de "elle se fait chiiiieeeer !" Je ne peux apparemment réprimer une grimace de dégout, face à quoi mon amie affirme "là tu as envie de partir !" Je secoue mon épaule et me retourne vers le parasite, lui expliquant qu'on va s'en aller. Il rigole grassement, se moquant de nous en nous demandant quelle permission on a pour l'heure... Avec spiritualité, mon amie lui rétorque qu'on n'a pas eu la permission de sortir, et qu'on a fait le mur. Sur ce il se marre littéralement, donnant un coup de coude à son voisin "Hey, elles disent qu'elles font le muuuuur !" Excédée mais prise d'un doute sur sa compréhension de cette expression, je lui lance : "Faire le mur ça veut pas dire faire le trottoir Ducon !!!" me maîtrisant pour ne pas être plus violente, et je me dirige vers la sortie, furieuse.
Je suis furieuse car c'est la première fois que je sens la violence monter en moi, voyant bien que j'étais à deux doigts de repousser violemment ce connard, furieuse car une fois de plus je ne peux pas dire que je suis prof sans que cela entraîne des débats interminables, furieuse car chambrée à cause de ma "mauvaise humeur".
Dans ces bars, les femmes servent de faire-valoir, elles sont là pour subir, roucouler et fermer leur gueule. Je trouve ces endroits où des hommes font la cour à des jeunes filles qui ont l'âge de leurs
enfants beaucoup plus glauques que les endroits sordides où j'ai pu mettre les pieds. J'ai beaucoup plus peur d'un homme qui croit avoir du pouvoir que d'un dealer croisé dans une ruelle sombre, même si le premier est bien mieux sappé. Ou alors je n'aurais pas du relire American psycho...

mardi 14 juillet 2009

Des cartons

Pour le déménagement, j'ai acheté des cartons. Dépliés dans ma chambre, les cartons sentent le vomi. Pour couvrir cette désagréable odeur, j'exhume un bâton d'encens du tiroir de ma table de nuit pour le bruler. Règne maintenant, en plus du vomi, une puissante odeur de cramé. Les yeux irrités par la fumée du bâton que je ne tarde pas à écraser dans un reste de bougie, j'évalue la quantité de bordel qui s'est accumulé depuis des années rien que dans ma table de nuit. Décidée, j'ouvre le tiroir et commence à trier : une paire de chaussettes rayées, un livre, une bougie encore neuve, des cahiers dans lesquels figurent dessins, croquis, barbouillages, et des mots que je n'ai plus le courage de relire, en partie par honte mais aussi parce qu'à l'époque ma vie était plus mouvementée et que justement tout cela me manque.
Je continue à gratter, mettant à nu les différentes strates, différentes périodes de ma vie, éparpillant mon intimité dans toute la pièce afin d'y mettre un peu d'ordre. Un reste de tabac à rouler, du papier à cigarettes, et bien planqué au fond d'un minuscule sachet en plastique, quelques feuilles d'herbe. Et des médicaments périmés (?) de toutes sortes. Poubelle. Mon agenda quand j'étais en terminale. Je l'ouvre, le parcours, tous les contrôles sont signalés par des têtes de mort, des photos de mes héros de l'époque sont collées sur les jours fériés. Garder ou jeter ? Allez, c'est pas si terrible que ça, je décide de faire ma star, et visant la corbeille, balance d'un geste théâtral l'agenda qui s'écrase à côté. Je soupire.
De toute façon le lycée c'est loin, comme ces gens que j'y ai croisés, oubliés, puis brièvement revus figés dans une pose sur facebook. C'est con mais à l'époque pour avoir des nouvelles des gens il fallait leur parler, maintenant il suffit de jeter un œil sur leur putain de "mur".

Les cartons sentent toujours le vomi et mon chantier n'avance guère. J'ouvre la fenêtre et éparpille encore plus mon bordel : j'ai besoin d'aérer pour y voir plus clair. J'ai l'impression d'étouffer, j'ai envie d'être enfin chez Moi. Garder des souvenirs dans ma chambre ou vider les lieux ? Je n'ai pas la prétention de transformer la maison de mes parents en musée, mais je me vois mal emporter mes vieux dessins, témoins de rares impulsions créatives. Je les range donc dans un tiroir, préférant laisser tout ça en suspens. Arrêt sur image.
Par correction, j'efface tout de même mes traces, mes tags à la craie ou à la peinture sur les poutres apparentes de la chambre, commence par le "I've lost control again" qui trône au-dessus de mon lit. Celui-ci s'efface aisément, mais l'empreinte de ma main à la peinture noire part plus difficilement. Adolescente égoïste que j'étais, il ne m'est pas venu à l'esprit qu'un jour cette chambre ne serait plus la mienne et qu'en plus le bois est un matériau fragile qui absorbe tout et ne supporte pas l'eau, ce qui rend son entretien difficile...

La nuit tombe tandis que je me bats avec le scotch qui colle que dalle, fermant des cartons dans lesquels je n'ai mis que des affaires neutres, de celles qui ne représentent rien sentimentalement parlant, préférant finalement laisser les souvenirs sur place. Ils seront mieux gardés ainsi. Dans la rue des gens défilent avec des torches. Quelle sorcière va-t-on brûler ce soir ?
C'est le 13 juillet et tandis qu'avec des miettes de tabac à rouler je fume une cigarette accoudée au rebord de ma fenêtre comme je l'ai souvent fait en cachette, apparaissent dans le ciel des étincelles, des lumières de toutes les couleurs. Songeuse, je me rappelle tous les moments que j'ai passés ici : des crises de nerfs, des siestes, des pleurs, des séances désespérées d'abdos, des heures de travail, d'autres à écouter des la musique, beaucoup d'ennui mais surtout des heures à rêvasser et à élaborer des histoires afin de rendre ma vie moins minable.
Arrive le final, des gens applaudissent, je fais une révérence et rejoins mon lit. Rideau.

jeudi 9 juillet 2009

News

Ça y est, j'ai trouvé un appart !
Il ne me reste plus qu'à mettre la main sur des meubles... et des gens pour les porter et les monter.
En ce moment je suis très (pré)occupée donc je n'ai plus vraiment le temps de geindre sur mon blog.
Mais bientôt de nouvelles aventures : Monday Morning et le videur du Monoprix, Monday Morning et le livreur de pizza, Monday Morning casse une assiette chez Fly, Monday Morning embauche des jeunes en survet pour l'aider à monter ses meubles...