vendredi 17 juin 2011

Dans un bateau

Enfin rentrée du voyage scolaire en Bretagne auquel j'ai participé avec 2 autres profs. Rentrée épuisée mais contente d'avoir vécu cette expérience. Chaque soir quelques p'tits verres de cidre pour tenir le coup. Quelques minutes de répis pendant lesquelles nous arrivions à oublier le chahut de nos élèves. Il faut dire que nous n'étions pas très discrets. "Salut et bon courage" n'arrêtait pas de me dire l'instit qui partageait notre hébergement. Arrive un moment où on s'habitue au bruit, à la musique rap au son dégueulasse qui sort des portables, aux "vas-y nique ta mère" "j'm'en bats les couilles" et autres "vas-y j'vais t'enculer, gros !". Rentrée avec mes bagages et valises sous les yeux, j'ai aussi beaucoup appris sur la vie de mes élèves, comme par exemple le fait que ça ne les perturbe pas plus que ça de bouffer des chips et boire du Red Bull à 1h du matin. J'ai aussi découvert qu'ils étaient beaucoup à être accros aux bonbons et aux chips. J'ai réussi à voir en eux des "enfants" et plus des "élèves" et je me suis rendu compte que j'aimais bien leur côté "cash", que parfois en leur parlant et en étant proches d'eux on arrivait à obtenir plus qu'en les engueulant de façon informelle.
Notre petite boum un peu ratée m'a fait penser aux miennes quand j'étais en collège. Filles et garçons chacun dans leurs coins. Comme à l'époque, coincée, pas à l'aise pour bouger mon corps tandis que certaines filles se lâchent. Pas du tout la même musique qu'à mon époque mais bon... "Héééé hooooo 9-1, 9-2, 9-3 NEUF KAAAAAAAT" hurlent mes p'tits loulous en cœur sur Sexion d'assaut.
J'ai appris sur eux, j'ai compris que derrière leurs airs de caïds agressifs et grande gueule se cachaient des enfants qui ont un cruel besoin d'attention et qui sont ravis d'être taquinés. Je me suis aussi souvenue qu'il y avait une vie ailleurs qu'en banlieue, une vie au calme, une vie en harmonie avec la nature, en plein air, avec des gens qui peuvent prévoir le temps en regardant simplement le ciel et l'orientation du vent et pas le bulletin météo. Les cheveux aux vent et la pluie en pleine face, la marée haute et la marée basse. Oublier notre avenir de merde, enfin surtout celui des élèves. Nous sommes tous sur le même bateau, coincés en banlieue comme si Paris était un trou noir.
Pendant un instant, le vent qui soufflait dans mes oreilles a emporté leurs cris. "Chut, vous entendez le bruit de l'océan ? .... Eh bien maintenant je veux pouvoir entendre ce bruit alors taisez-vous et écoutez."
L'océan me manque déjà.