mardi 25 mai 2010

Des verres et la mer

Je casse beaucoup de verres en ce moment. Encore tout à l'heure au collège j'ai explosé un "bécher" qui en fait est un pot de yaourt en verre. C'est beau un verre qui se casse. Pendant la chute on anticipe la phase finale, on voit l'objet tomber au ralenti, comme suspendu dans les airs mais on est impuissant. Et vient le choc contre le sol : cassera, cassera pas ? Le fameux bruit du verre cassé : j'adore. D'autant que dans ma "carrière" de chimiste, j'en ai pas mal cassé du verre. Un verre qui se brise réserve toujours des surprises quant à la forme finale qu'il prendra. Enfin il faut partir à la recherche des petits morceaux éparpillés un peu partout. Mais souvent c'est "propre" : des grands morceaux bien taillés, brisés nets. Parfois je ne peux pas m'empêcher de vérifier leur tranchant en griffant ma peau avec un morceau : je suis toujours impressionnée de voir à quel point un morceau de verre bien taillé coupe très bien et de façon extrêmement précise.
Le week-end dernier je suis allée voir la mer avec une collègue et néanmoins amie. Tout lâcher, le boulot, les emmerdes, les prises de tête, pour rouler vers l'ouest jusqu'à ce qu'on ne puisse pas aller plus loin, jusqu'à ce qu'on n'entende plus que le bruit de l'eau qui se brise contre les rochers. La liberté, enfin. Plus envie de casser des verres pour qu'on m'écoute mais une amitié qui se consolide, comme un amour de vacances.
Et sinon l'ennui. Je claque mon fric dans des verres, des cafés et des tickets de métro : c'est facile à Paris. La routine, le temps qui passe, les cours et entre les cours, les rades, les bises, les soirées et les gueules de bois. Les verres en plastique ne se cassent pas eux : ils se vident à moitié puis se perdent et se confondent. Au milieu des verres et des béchers, la fatigue, la petite déprime, l'impression de se battre contre des moulins à vents et le vague pressentiment que tout cela va mal finir. Mon avenir n'a jamais été aussi incertain : pourrai-je un jour aller ailleurs et trouver quelque chose de mieux ? Cela semble mal parti d'après la tournure que prennent les événements.
A Paris on a du mal à voir un horizon, sale ville pour les hypermétropes. En allant voir la mer je pensais y voir plus clair mais les nuages au loin n'annonçaient rien de bon. Après il y a eu la pluie mais
pour un instant, du haut de la falaise, j'ai réussi à tout jeter à la mer : verres, angoisse, remords, nœuds dans le ventre, nœuds coulants...

mercredi 12 mai 2010

Dans la farine

En ce moment je souffre. Hier je me suis fait marcher sur la gueule presque toute la journée par des petits connards de 13 ans. Huit heures de cours ont ainsi mis à mal mon système nerveux fragile. Alors certes, j'exagère, tout ne s'est pas complètement mal passé, et pour dire la vérité c'est surtout une seule heure qui s'est véritablement mal passée. Nez à nez avec des gamins hostiles qui accumulent les provocations pour me déstabiliser et m'embêter, méchanceté à l'état pur (comme le gamin qui veut me voir tomber dans les escaliers pour se débarrasser de moi...) J'ai donc de plus en plus de mal à dormir, je me couche hyper tard, je rêve du collège, je me réveille très énervée, je ressasse en mangeant mon petit déjeuner, je rumine en me préparant. Je suis nouée, nauséeuse, je frissonne, j'ai presque envie de vomir. Ce matin je rêvais de déconnecter mon cerveau. Au moins être peinarde pendant quelques heures... Je manque de sommeil c'est évident, je suis plus irritable et plus je suis irritable moins ça va.
Je suis tellement plongée dans mes pensées, me mettant virtuellement en scène pour trouver les mots justes que je vais dire à la classe qui ne "m'aime pas" mercredi prochain, imaginant toutes les réponses et les scénarios possibles, qu'en sortant de ma salle de bain je n'étais même pas sûre d'avoir vraiment pris une douche. Tout ce que j'avais envie de faire c'est de ramper devant le premier médecin venu pour le supplier de me filer des somnifères.

L'ambiance est électrique au collège en ce moment, les gamins se font exclure de cours par wagons entiers, jusqu'à ce midi où un règlement de comptes a éclaté devant le collège (parce que Youssouf a cassé la gueule du frère de Nadine donc la famille de la victime est évidemment venue l'attendre à la sortie pour lui casser la gueule en retour) ça faisait longtemps qu'on n'avait pas vu les gars de la BAC...
Alors pour me réconforter je téléphone à mon beau-frère, à mes parents. Mais le problème c'est que mes parents, en tant qu'anciens profs, ont plus tendance à me donner des conseils qu'à me réconforter. Sauf que des conseils, je ne peux plus en entendre car le seul effet c'est de me faire davantage culpabiliser. Après m'être fait marcher dessus toute la journée je ne peux simplement plus entendre "Mais tu dois être plus sévère, là ils te roulent dans la farine !!". Alors pour la première fois de ma vie, j'ai raccroché au nez de mon père, ultime sursaut de survie et j'ai passé toute la soirée à frissonner devant la télé, voyant des images défiler sans les regarder.

dimanche 9 mai 2010

Iiiiiih je meurs...(groarrr)