dimanche 24 avril 2011

Barcelona

"Si tu aimes ma nuit, tu aimeras aussi mon jour" voilà ce que je murmurais dans mon rêve à Julien Doré (!) que j'essayais d'empêcher de se noyer dans les vagues d'un océan dans lequel je me débattais aussi. La nuit je bois, je fume, je me pose moins de questions, ferme les yeux et profite du moment présent. Ma fameuse "dark side" que certains connaissent et que j'apprends à assumer petit à petit. Quant à mon "jour" je ne sais pas exactement ce que c'est mais ça avait l'air vachement clair quand je l'annonçais dans mon rêve... Peut-être qu'en ce moment, étant à un cheveu de me dire "je suis pleinement heureuse", j'ai une meilleure idée de ce à quoi peut ressembler le "jour" la lumière.
Vivre au ralenti, enfin. Trouver un certain apaisement, il était temps ! Réussir à marcher en tongs sans honte ou plutôt sans gêne, avancer sans se poser de questions, en se déconnectant de la réalité, du travail, c'est tellement bon. Je suis enfin parvenue à faire le vide dans ma tête. Pour cela j'ai dû voyager, changer de repères, me retrouver avec des amis, à beaucoup boire d'alcool, beaucoup fumer d'herbe, beaucoup marcher et beaucoup me reposer au soleil. Moi qui suis tellement rassurée par mes petit
es habitudes et ma petite routine, j'avais oublié à quel point il était agréable d'en sortir et de découvrir des horizons différents. En Espagne j'ai rencontré une Sud-coréenne qui était en vacances un mois et qui en profitait pour visiter l'Espagne à l'arrache, sans rien avoir planifié. Elle changeait d'endroit à se guise, improvisait en permanence, seule avec son ordinateur portable et une valise. Voir cette puce d'à peu près mon format et mon âge m'a donné envie de me lancer dans l'aventure.
"-Vous, les fonctionnaires, vous aimez bien la routine et la sécurité" me faisait remarquer un ami hier soir.
"-Moi, si je me fais chier à mon boulot, je ne peux pas continuer, il faut que j'en change même si j'ai un CDI tu vois, je p
rends le risque quand même. Pourquoi n'irais-tu pas travailler à l'étranger si ça te dit tellement ?
-Parce que le jour où je reviens en France, je repars de zéro et zéro, c'est pire que ce que j'ai comme poste actuellement. Et quelque chose de pire dans mon métier, tu ne te rends pas compte, mais c'est très très difficile. Je ne sais pas si je serai capable de faire un tel sacrifice sur mon avenir.
-Oui mais si tu ne le tentes pas, tu risques de le regretter toute ta vie."
Avoir un métier stable, quel qu'il soit, qu'il vous plaise ou non et le plus vite possible, est-ce cela le but ultime que tout le monde doit atteindre dans sa vie ? Ne jamais improviser, ne pas laisser de place au risque et à la chance, est-ce indispensable ? Mes parents, tous deux fonctionnaires, m'ont éduquée ainsi et même si j'ai joué les rebelles à goûter à une certaine vie de "débauche" j'ai bien fait le "vaillant petit soldat" comme m'appelle parfois ma mère et ce pendant maintenant un quart de siècle
... En attendant de me décider à tenter l'aventure, je marche toujours au ralenti, le rythme espagnol me colle à la peau, d'autant que c'est l'été à Paris. Je comprends mieux mon ami andalous qui se pointait toujours en retard à la fac, maintenant que je me lève à 10h30, petit déjeune rapidement, déjeune bien plus tard et uniquement lorsque la faim me tiraille vers 16h.
Encore quelques jours de tranquillité avant de me prendre une claque à la rentrée mardi. Je crois que je ne suis pas encore prête à faire face à mes élèves hyperactifs, speedés par leur environnement virtuel et étant habitués à vivre dans le bruit perpétuel bien que parfaitement fainéants. Est-ce que les élèves étrangers sont aussi pénibles qu'ici ? J'aimerais bien le savoir
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