lundi 18 octobre 2010

Fatiguée

Je suis fatiguée. Malade depuis samedi, je suis enroulée dans un plaid orange fluo, recroquevillée devant mon ordinateur ou devant la télé. Ce matin je me suis quand même pointée au boulot. La plus grande connerie du siècle. Comme j'étais faible je me suis simplement faite bouffer toute crue par mes monstres. Je m'en suis pris plein la gueule et comme je n'avais pas l'énergie de me battre, deux élèves m'ont littéralement gueulé dessus à la fin de mon cours. Alors j'ai fait un rapport, demandé une exclusion d'une journée pour une élève, suis allée à l'administration et ai dit simplement "Je rentre chez moi..." après une seule heure de cours.
Je n'ai plus envie, je sature.
De toute façon si on n'est pas à 200% on se fait pourrir.
Rendez-vous chez le médecin. Compatissant, il m'a mise en arrêt maladie jusqu'aux vacances. J'ai envie de partir. Loin. De m'enfuir de ces pétasses qui me provoquent à longueur de temps.
Me cacher quelque part pour oublier. "Le soir, il faut boire" m'a recommandé le médecin à qui je confiais que j'avais du mal à dormir, étant préoccupée et stressée par le travail. Boire, oui, comme tous les vendredis soirs, soulagée par l'arrivée salvatrice du week-end. Et dormir. Et courir loin loin loin. Je vois Jean-Pierre Léaud qui fuit vers la mer pour tenter de sortir de cette spirale de galère dans laquelle il est, mais une fois arrivé au bout de sa course... eh bien quoi faire ?

dimanche 10 octobre 2010

Vendredi soir à 23h30, assise sur les marches d'une maison pas loin d'une cité quelconque de Vitry-sur-seine je me renverse un verre de ti' punch sur le pantalon, rhum et citron vert imbibent mon jean et ma chaussure droite. C'est la deuxième fois dans la journée que je me renverse un truc dessus. Je suis fatiguée. A la même heure en Alsace ma sœur perd les eaux. Je recommence à fumer et je recommence à glander. Je recommence à être désorganisée et à rêver.
Quelque part je me suis prise d'affection pour un élève qui s'est enfin fait virer, pour la sixième fois, toujours le même motif : insulte et violence envers principal adjoint. J'étais là, c'était dans mon cours. Bizarrement il n'avait rien à faire là puisqu'il était déjà provisoirement exclu et pourtant il est venu. Je n'ai jamais eu de problème avec lui, déjà parce que je suis une femme et que lui ce qu'il ne supporte pas, ce sont les hommes, et en particulier les hommes qui essayent d'avoir de l'autorité sur lui. Un père décédé et une mère démissionnaire y sont sûrement pour quelque chose. Moi je suis inoffensive, il n'y a aucune rivalité possible puisqu'il est 10 fois supérieur à moi, pas de combat de coq possible. Il fait du catch, se balade avec un cutter, il a un casier judiciaire long comme mon bras, il deale, arrache les portables dans la rue, se bat avec les flics... Mais moi il m'aime bien. Alors quand je le vois traîner devant le collège, j'ai juste envie de l'adopter. Sa vie est tellement merdique que je ne comprends même pas pourquoi il se pointe au collège avec quelques stylos, quelques feuilles de papier, et qu'il prend quelques fois la peine d'écrire. Mais bon, maintenant qu'il a traité l'adjoint de "tapette" et de "connard" la question ne se pose plus. Ceci dit, je pense quand même à lui...
Aujourd'hui j'ai encore rêvé puisque, traînant un peu par dépit sur un site de "rencontres" (argh j'ai honte j'ai très très honte j'ai atrocement honte) un type entre en contact avec moi et me propose de le voir cette aprèm, pour se balader dans Paris. Trouvant ça un peu fou mais original je suis tentée d'accepter l'invit mais bon, je lis quand même sa "fiche" et là je me rends compte que c'est quelqu'un de "connu" (bon ok moi son nom ne me disait rien au départ). Pendant un un moment mon fantasme d'ado refait surface, celui du manga Nana (en deux mots, une fille normale, fan d'un groupe de musique, qui finit par se marier avec un des membres du groupe parce qu'il flashe sur elle) et puis bon, je finis par me rendre compte qu'il doit bien avoir 2000 amis sur facebook et que tout le monde doit lui courir après. Donc finalement je réponds que ça va pas être possible dans l'immédiat là tout de suite. Il ne m'a bien évidemment jamais répondu, peut-être a-t-il réussi à brancher la suivante sur la liste. Tout ce que j'aurais eu à y gagner c'est le plaisir de pouvoir frimer en racontant à tout le monde que j'ai côtoyé Machin, mais si tu sais, le producteur de Bidule. Et encore, il aurait fallu raconter comment je l'ai rencontré, et je ne suis pas sûre que j'aurais assumé. Bref, après avoir rêvé quelques heures je suis retombée sur mes papattes, traitant mentalement ce monsieur de gros connard dragueur, me disant "ha, tu vaux quand même mieux que lui" mais pensant "bouhouhouuuuu t'es vraiment une déglonfléééééée".
En attendant, ma soeur vient d'accoucher, moi je suis toujours seule à rêvasser chez moi au lieu de travailler, et j'entends la voix de Morrissey "I'm not happy and I'm not sad"