samedi 23 juin 2012

On change la forme mais pas le fond

Parce que je m'ennuyais, j'ai déménagé. Changé la forme.
Et d'un coup me sont tombées dessus tout un tas de galères et de contrariétés. J'ai d'abord sombré puis me suis calmée. Il fallait juste régler les choses les unes après les autres. Oh, tout n'est pas fait. Cette semaine j'ai entendu plusieurs fois "On ne va pas vous laisser tomber". En attendant, le temps est passé à une vitesse folle, mes priorités sont devenues toutes autres, j'ai couru un peu partout, je me suis épuisée.
J'avais besoin que ça bouge je crois. Changer d'air, faire peau neuve en quelque sorte. Besoin de soleil, envie de lumière, de lézarder sur un balcon exposé plein sud, de cramer sur des dalles de plastique, noires donc brûlantes, ramollissant inévitablement sous la chaleur.

Hier soir je suis allée à une soirée à thèmes organisée par la bande des profs d'EPS, les inexorables fêtards. Il fallait venir déguisé en publicité. J'ai débarqué en La Laitière : je m'étais cassé la tête (voire le porte-monnaie) à trouver pile poil la bonne tenue, la chemise jaune moutarde avec les manches retroussées, la jupe bleu foncé, une écharpe blanche nouée dans les cheveux, c'était très réaliste. Réaliste au point que j'ai failli repartir avec le bonhomme Cetelem. Pourquoi failli ? Parce que d'après mes souvenirs, Cetelem était loin d'être célibataire. Ou alors il venait de se disputer avec son amie mais je n'ai pas vraiment envie de ramasser les morceaux.
Alors j'ai fait un câlin réconfortant à 218 qui m'a souhaité plein de belles choses, beaucoup d'amour et d'être heureuse et tout et tout. Je ne sais pas si c'est l'attention ou les 10 verres de punch que je m'étais enfilés ou encore le ras le bol de l'attitude résignée que j'ai depuis longtemps adoptée mais ça m'a un peu soulagé. Avant que Cetelem ne me raccompagne et se goure de prénom en me disant au revoir....
Un petit soupir.  On s'était pourtant déjà croisés plusieurs fois, à vue de nez je dirais au moins 3 ou 4 fois. Je ne relève pas l'erreur. Il faut croire qu'avant d'être déguisée j'étais bien transparente. Faut-il que je me montre systématiquement avec une bouteille de lait sous le bras pour qu'on prête attention à moi ?

J'aimerais profiter du soleil mais le ciel se couvre. J'ai froid dans ma défroque de Laitière que j'ai en partie revêtue à nouveau ce matin après avoir dormi 4h.
Il faudrait que je fasse un grand ménage, que je nettoie le frigo et que je passe à la laverie du coin, en rade de lave-linge depuis maintenant 4 semaines mais pour l'instant je n'en ai pas le courage. Je repense à Cetelem, je me dis "pourquoi es-tu si fière, si attachée à une morale qui semble bien désuète au vu du comportement de mes amies célibataires ou non". Je n'aurais pas pensé un jour connaître autant de gens qui ont des "plans cul".
Et puis je songe aussi à Malabar, je me dis, t'es vraiment conne, toi qui râlais de ne pas avoir communiqué avec lui au ski, voilà une occasion en or et tu passes encore une fois à côté. Mais à force de l'observer j'ai constaté qu'il était pareil que moi et que ça pose un gros problème : toujours fourré dans les jupes de ma pote car il ne faisait pas l'effort d'aller vers les autres invités. Et puis je n'avais rien à lui dire. Déguisée, j'ai encore changé la forme mais pas le fond.

Bref, ce n'est encore pas hier soir que la Laitière a dévoilé son secret : elle est rentrée seule chez elle à 3h du matin pour aller touiller sa mousse au chocolat et s'enfermer durant tout le week-end. Loin des autres. Loin de Cetelem, de Malabar et du gentil 218 qui aura perçu un brin de mélancolie dans son sourire et qui aura tenté de lui transmettre quelques ondes positives et réconfortantes. En fait c'est tout ce dont elle avait besoin : un gros câlin.