lundi 28 juin 2010

Fantasme de vacances

Une collègue et néanmoins amie pour qui l'arrivée avec son copain (lui aussi prof) en banlieue parisienne a été un traumatisme a rapidement demandé sa mutation dans l'académie de Dijon (rêvant de nature, d'une maison avec son amoureux et d'espaces verts où promener son chien), mutation qu'elle a obtenue grâce à son Pacs. Seulement depuis elle s'est fait des amis ici, elle s'est habituée à nos élèves un peu chiants, elle a pris goût à la folle vie parisienne, et surtout, elle est en train de se séparer de son homme. Résultat, elle se retrouve à devoir déménager toute seule dans une ville où elle ne connaît personne, condamnée à être remplaçante un peu partout (c'est très difficile d'obtenir un poste fixe dans un établissement de nos jours). C'est ainsi qu'hier elle regardait à contrecœur les annonces de locations de studios à Dijon. Comme elle m'en parlait, j'en ai profité pour comparer les tarifs à Paris, et de fil en aiguille j'ai changé les critères jusqu'à aller vers mon ancien fantasme : un logement au sud de la France. Je le vois très bien : une cuisine avec terrasse exposée à l'ouest, un salon exposé au sud et une chambre à l'est. Le soleil qui entre à travers des volets. Dehors, des "ksss ksss ksss ksss ksss", des herbes hautes qui me feront éternuer en été, le vent qui transporte des odeurs de lavande, la plage à moins d'une heure de route...
Déjà petite j'étais émue par cette chanson de Nougaro "Tu verras tu verras tu l'auras ta maison avec des tuiles bleues". A l'époque cela me semblait possible, du moins pas totalement improbable mais malheureusement maintenant c'est devenu plus que compromis. Ou alors comme tout le monde, je fais le choix de tout recommencer à zéro ailleurs : "all-in". Elle aura intérêt à être belle cette maison...

mercredi 23 juin 2010

courage et soleil

Et voilà, déjà la fin de l'année. Finalement c'est passé vite. Je me suis beaucoup faite avoir, j'ai commis pas mal d'erreurs mais j'ai aussi eu des petites victoires. Et surtout j'ai appris plein de choses et ça m'a fait du bien. Je me sens mieux. Mes erreurs m'ont fait me poser des tas de questions sur moi-même. Il faut être assez courageux pour cela. Bien sûr j'ai toujours admis avoir tort, mais mon problème c'est que quelquefois je faisais les choses de travers tout en sachant pertinemment que c'était "mal". J'en suis arrivée à me détester, puis à me demander pourquoi je me détestais, et si finalement je n'agissais pas "exprès" ainsi. Pourquoi je fonçais délibérément dans le mur.
Et j'en ai tiré qu'en fait j'étais une trouillarde, que j'avais peur de l'échec, peur d'être obligée d'admettre que je n'étais pas à la hauteur. Comme ces élèves qui préfèrent rendre copie blanche systématiquement en frimant plutôt que de prendre le risque de se planter. Finalement je ne suis pas tellement plus évoluée qu'eux. A la rigueur je "préférais" faire mal les choses que de tenter de bien les faire et de me prendre une gamelle. Un jour au téléphone, je disais "En fait je n'ose pas les engueuler car j'ai peur qu'ils me rient au nez, j'ai peur de ne pas les impressionner, j'ai peur de me ridiculiser..." Exercer son autorité c'est une prise de risque quelque part : le risque de faire un flop et j'avais peur de faire un gros flop irréversible alors je ne me suis pas lancée. Je préférais passer pour la prof trop sympa que pour la prof qui n'a pas d'autorité. Vu comme ça c'est la même chose, et pourtant il y a une sacré différence : dans le second cas, on a essayé d'être sévère mais en vain, ce qui est pire que de n'avoir jamais essayé. Il m'a quand même fallu un sacré bout de temps pour comprendre que dans les deux cas on se fait bouffer.
Maintenant que j'ai eu le courage de comprendre et d'admettre cela il va falloir que je trouve le courage d'y remédier plus sérieusement. Mais pour l'instant je fume une clope dehors, les seules dix minutes de bonheur pendant lesquelles quelques rayons de soleil arrivent à atteindre mon balcon exposé plein nord avant que l'astre se cache définitivement derrière un autre immeuble. Il faut bien viser. Dix minutes de paix. Mon royaume pour une terrasse sur le toit d'un haut immeuble exposé au sud-ouest sur laquelle je pourrais prendre l'apéro pendant des heures...
Vendredi à 15h20 les quelques élèves de 3èC qui n'auront pas séché vont crier, balancer les tabourets sur les tables de ma salle pour la dernière fois de leur vie avant de partir en courant et en hurlant dans le couloir, et moi je marmonnerai "Bonne vacances" et je penserai "Allez-y, faites votre vie, l'avenir vous appartient les loulous. Vous allez devenir des gens biens. Sauf lui, là, non lui c'est vraiment un connard... Bon débarras tiens."
Je suis fatiguée et je mérite vraiment de me reposer. Le repos du jeune guerrier.
Dans deux semaines je "rentre"...