dimanche 2 septembre 2012

C'est pas drôle

L’autre nuit, j’ai rêvé que j’étais drôle. Irrésistiblement drôle. Tellement spirituelle que l’homme de ma vie (celui qui ne le sait pas) riait à gorge déployée et tombait petit à petit sous mon charme, comme moi-même j’ai succombé au sien lorsque, voulant me consoler de ma mélancolie chronique, il m’avait prise dans ses bras pour me transmettre ses « ondes positives ».
Au réveil, piètre constat, je n’étais pas plus rigolote que la veille.
Tandis que la rentrée approche, je savoure les derniers rayons du soleil sur mon balcon, un bouquin dans une main, une tasse de café dans l’autre. Oui car depuis que j’ai découvert les joies du café décaféiné, j’y suis devenue accro. Je peux dorénavant en siroter toute la journée sans être à deux doigts de faire une crise cardiaque, toute palpitante et tremblante en fin de journée. Je suis d’autant moins palpitante que je me suis allumé un petit joint pour aider à couler les quelques heures qu’il me reste avant de me « préparer » à rejoindre des amis pour un barbecue. Effet immédiat de la drogue : au bout d’une page je repose le livre et agrippe mon ordinateur pour écrire. Le soleil commence à disparaitre derrière l’immeuble.
Je me contorsionne pour laisser les tous derniers rayons effleurer le sommet de mon crâne mais il faut que je me fasse une raison : l’été est bientôt fini, les vacances aussi.
Je reprends une tasse de café et rallume mon mégot. Il faut que je me « dépêche » car je dois encore aller acheter quelques merguez au supermarché. 
D'ailleurs "il" n’a définitivement pas répondu à mon message ce mufle. Je ne comprends pas ce qui s’est passé, j’étais tellement saoule que j’ai très bien déblatérer tout un tas de conneries, monopolisant la parole et riant bêtement ce qui a dû me faire passer pour la pire des gourdasses.
Après m’être torturé l’esprit pendant un mois, j’arrive peu à peu à oublier ma déception même si je reste convaincue que de tous les hommes que j’ai croisés, c’est celui-ci qui se rapproche le plus d’une certaine idée de « Celui qui pourrait éventuellement me rendre heureuse ». Oh je suis lucide, si on veut être heureux il vaut mieux compter sur soi-même mais tout de même…
Bref, je me pointe encore à moitié défoncée et bim, je tombe sur lui. Salut, salut, la bise, ça va ?
Était-ce les effets de la drogue, l'ambiance de la soirée qui m'agaçait, les discussions stériles autour du nombre de jours sans baiser des instigatrices de la soirée (54 si vous voulez savoir, et elles en font tout un plat !), le froid, l'impression de ne pas être à ma place ici, de ne pas avoir su retrouver les amis que j'avais en Alsace, le complexe de ne rien avoir d'intéressant à dire, le constat de mon échec à tenter d'aborder des gens, bref, je ne sais pas ce qui s'est passé mais j'étais totalement éteinte. A vrai dire j'ai fait la gueule toute la soirée, j'ai rien réussi à dire de marrant ni d'original. Que dalle, le néant.

J'ai quand même pu observer qu'en société, "il" en faisait quand même un peu too much. Trop de vannes pour faire des vannes, trop de tendance à faire l'original. Ma déception a un peu compensé mes remords et ma rancœur. C'est pourquoi tout à l'heure, alors que je lui ai envoyé un message instantané sur facebook, je n'ai rien ressenti lorsqu'il n'y a pas répondu. Je n'ai même pas envie de savoir s'il l'a effectivement reçu. Je me dis juste que, comme l'autre soir chez moi, comme mon humour dévastateur dans mon rêve, ceci n'est pas vraiment arrivé. Quelque-chose se fout de ma gueule et c'est pas drôle.