dimanche 25 janvier 2009

malade

Ça fait maintenant une semaine que je suis malade. Et pour tout dire, ça fait un sacré bout de temps que je n'ai pas été malade à ce point.
Bien sûr je suis allée chez le médecin, qui m'a prescrit des antibiotiques. Malheureusement, ceux-ci se sont avérés totalement inefficaces.
Ça fait donc une semaine que chaque jour ma résistance physique diminue, mon moral avec, et que pourtant je m'acharne à aller travailler parce que "je suis hyper en retard dans le programme". Hier matin je n'avais qu'une envie, c'est de m'enfermer dans un caveau, de me cacher dans un coin, comme les animaux mourants. Depuis une semaine je suis tellement épuisée que de toute façon je ne prépare plus aucun cours. Je veux juste que le temps s'arrête. Juste que quelqu'un appuie sur cette putain de touche "Pause" parce que bientôt je n'aurai plus aucune avance dans le boulot. Rien. "Bonjour, aujourd'hui on ne fait rien, désolée j'ai rien préparé. Que dalle. Nada." Vous voyez le tableau.
En plus, je suis en plein délire. Ça fait une semaine qu'avec la fièvre ou je ne sais quoi, mon cerveau ramolli ne fait plus la différence entre la réalité et la fiction.
En plus, je rêve beaucoup du boulot en ce moment, donc je suis totalement perdue.
Alors il m'arrive d'entendre des voix, je perds la notion du temps, on est quel jour ? J'ai l'impression que le temps passe sans moi. Qu'il m'a oubliée sur le quai.
Ca fait donc une semaine que ma vie ressemble à un clip des Residents. J'ai l'impression d'être sous ecstas 24/24. Je capte plus rien.
Hier matin je suis retournée chez le médecin (ordre de ma mère) qui m'a prescrit d'autres antibiotiques. Hier après-midi j'étais une loque. Un mollusque. J'avais à peine la force de me lever de mon lit, terrassée par les tremblements et la toux. Et là j'ai eu un peu peur quand je me suis rendu compte que si je vivais seule je me laisserais sûrement dépérir. Sans personne pour me faire à manger, sans personne pour me donner des conseils, sans personne pour me faire la vaisselle... J'ai donc avalé mes deux gélules du traitement de cheval que m'a prescrit le médecin, et j'ai péniblement monté les escalier vers ma chambre. Je me suis couchée, mal au ventre, sûrement un peu secouée par les médocs qui semblent éliminer toute forme de vie parasite, y compris la mienne.



jeudi 22 janvier 2009

Parents-profs

Mardi je me suis traînée dans un état lamentable à la réunion parents-profs des 5ème. J'ai trois classes de 5ème, ce qui me fait théoriquement 86 parents d'élèves à rencontrer.
Depuis ce week-end je suis grippée, et depuis lundi j'ai enchaîné sur une bonne vieille laryngite. J'étais donc là, avec ma voix enrouée à peine audible, devant des parents qui par réflexe baissaient aussi la voix.
Rencontrer les parents est une expérience très enrichissante. Ça va de la maman avec qui on plaisante, à celle
qu'on en vient à réconforter. Il m'est ainsi arrivée d'essayer de redonner la pèche à une mère qui me disait avec lassitude qu'elle avait envie de lâcher l'affaire, qu'elle ne supportait plus de se battre avec son fils pour lui faire apprendre ses leçons.
D'autres font semblant de faire la morale à leur enfant, aussi présent : "Tu entends ? Il faut travailler ! Il faut apprendre le cours, c'est important pour ton avenir Kimberly !" Bien évidemment, ni Kimberly ni moi n'étions convaincues par son discours politiquement correct.

Ainsi, j'ai eu droit à des "Si vous avez un problème avec lui, voyez ça avec son père... Il a peur de son père." ainsi qu'à des "C'est pas qu'on le frappe ou qu'on le batte, mais des fois j'en peux vraiment plus vous savez". Mais souvent, les mères me regardaient d'un air désolé et répondaient avec un soupir "oui, je sais"
J'ai aussi appris que le surnom de Nathan à la maison est "ma p'tite belette" (ce que je trouve très touchant) et que Steve est tellement hyperactif que sa mère l'enferme dehors pour avoir la paix.
Il arrive aussi que des mères, épuisées et dans la détresse vident leur sac. Car de la détresse, il y en a. De pauvres g
ens à qui la vie n'a pas fait de cadeaux : une fille débile légère (dans le sens clinique du terme), un fils qui est décédé il y a tout juste un an, la mère qui fait des heures sup à l'usine sans "gagner" tellement "plus". Et que pouvez-vous dire à cette pauvre femme dont la fille a 0,5/20 de moyenne, à part des paroles compatissantes ?
Mais le cas le plus touchant était celui de Maëlle, 12 ans, qui a apparemment décidé d'arrêter de travailler. De 13 de moyenne au premier trimestre elle est passée à 07. En classe, elle est au fond et pense
à autre chose. Maëlle était présente lorsque j'expliquais à son papa qu'à mon avis elle était préoccupée et qu'elle avait peut-être un "problème" qui la tourmentait. Lui, me raconte que depuis peu elle s'enferme dans la salle de bain et ne prend plus le temps de petit-déjeuner. On aurait dit moi quelques années plus tôt. Maëlle souffre et je sais ce qu'elle ressent. A la fin de notre entretien, Maëlle a les larmes aux yeux. Son père ne la comprend pas, et moi qui la comprends, je ne peux rien pour elle à part tenter de lui redonner confiance en elle. Bientôt Maëlle sautera les repas à midi, elle écoutera Tokio Hotel et changera toute sa garde-robe. Bientôt Maëlle aura des cicatrices rouges sur les bras comme j'ai des cicatrices blanches sur les mains ou le ventre.

Quand je suis rentrée chez moi, des lames de rasoir dans la gorge après avoir parlé à quarante parents pendant un peu plus de trois heures, je me suis enfermée dans ma chambre, j'ai mis un album de Nirvana et j'ai eu des frissons.


mercredi 7 janvier 2009

Entre fatigue et ivresse

Toujours en train de flotter entre deux états, on me parle mais je pense à autre chose alors je n'écoute pas. De la fatigue à l'ivresse, je suis bien là mais détachée de la réalité. Comme en impesanteur, je me sens partir au ralenti, m'éloigner lentement mais surement vers le néant, le rien... "Can you hear me, major Tom ?!". Puis d'un coup la réalité me rattrape : impuissante, je me sens basculer en arrière. Cette chute me vaudra deux magnifiques bleus : un sur la cuisse droite, l'autre sur le bras gauche. L'un dû à un coin de meuble, l'autre à la poigne de la personne qui a tenté de me rattraper.

En ce moment, je tombe beaucoup je trouve. Alors j'essaye de rester consciente, ancrée dans la réalité assez longtemps. C'est la raison pour laquelle une odeur écœurante de café
empoisonne l'atmosphère de ma chambre. Bien que les minutes s'égrainent, je n'avance pas dans mon travail. Et pourtant je dois avouer que ça m'est égal. Je prendrai mon courage à demain.
Je bois du café à m'en donner mal au cœur. L'idée la moins constructive du monde, car le seul résultat auquel j'arrive c'est de garder les yeux grands ouverts dans mon lit sans trouver le sommeil.

En ce moment, ce qui rentre par une oreille ressort immédiatement par l'autre. Il en a toujours été ainsi : depuis ma plus tendre enfance, ma mère me qualifie à juste titre de "tête percée".
Le problème, c'est que j'ai l'impression que le trou s'agrandit. Plus je dois être ultra rigoureuse dans mon boulot, plus je suis à côté de la plaque dans ma vie. J'ai du mal à rester concentrée, et plus que jamais je me réfugie dans les petits tracas quotidiens. Gautier a encore copié sur Nicolas, qui est encore venu en retard avec Stéphane, qui a encore refusé d'ôter sa veste comme Candice, qui trouve que mon barème "c'est n'importe quoi"...

Cet inhabituel calme face à l'inconnu, que j'ai d'abord pris pour un regain inespéré de confiance en moi, s'est finalement avéré être les premiers prémisses de ma nouvelle attitude désinvolte et bl
asée. Il y a encore quelques mois, j'aurais été dans la panique totale, ne m'étant pas encore intéressée au mémoire que je dois pondre pour bientôt, ni aux cours que je dois donner bientôt et que je n'ai pas du tout préparés. Quoiqu'en écrivant cette phrase, je dois avouer que je ressens une timide décharge d'adrénaline... Mais je l'oublie bien vite, me sentant encore trop lasse pour affronter tout ça. Comme les enfants qui ferment les yeux très fort en espérant que quand ils les rouvriront, leurs devoirs seront faits.
Je suis partisane du "on verra déjà". Cette phrase que j'ai prononcée bien souvent le soir en partant de chez moi pour je ne sais où, avait le don d'angoisser ma mère qui me voyait foncer vers l'inconnu. C'est ainsi que je me suis retrouvée à boire l'apéro chez des gens que j'avais croisés juste une fois, ou que j'ai rejoint de (vagues) "potes" qui devaient aller à une (très vague) "soirée", ne sachant même pas trop par quels moyens et quand j'allais rentrer. J'ai beaucoup de chance car je ne suis jamais tombée sur un os, et pourtant je suis une cible de choix avec mes raisonnements à la "après tout pourquoi pas". Sentiment stupide d'invincibilité ou naïveté coupable ? Sûrement un peu des deux.
De toute façon en ce moment je m'en fous. De tout. Je marche au radar, je travaille par automatisme, ne réfléchissant pas à ce que je fais. Je sais que je suis à la bourre, j'ai le couteau sous la gorge mais il ne pique pas encore assez à mon goût. Quand il aura bien entamé ma chair, peut-être songerai-je à me bouger un peu les fesses.

En attendant je continue à chanceler, entre la fatigue et l'ivresse, espérant qu'il y aura toujours quelqu'un pour me rattraper si je tombe.

vendredi 2 janvier 2009

01 janvier 2009

Ma mère : "t'as pas la gueule de bois au moins ?"
Moi, blanche : "non non, je suis juste, euhh, un peu fatiguée..."
Ma mère, me tendant une pleine assiette de poulet recouvert de crème au gruyère et vin blanc : "bon alors bon appétit !"
Moi, me levant de table : "euh, héhé, excusez-moi cinq minutes"
Ma mère : "tu ne vas quand même pas vomir ?"
Moi, déjà la tête dans les toilettes : "non non, je suis juste, euhh, un peu fatiguée..."