mercredi 7 janvier 2009

Entre fatigue et ivresse

Toujours en train de flotter entre deux états, on me parle mais je pense à autre chose alors je n'écoute pas. De la fatigue à l'ivresse, je suis bien là mais détachée de la réalité. Comme en impesanteur, je me sens partir au ralenti, m'éloigner lentement mais surement vers le néant, le rien... "Can you hear me, major Tom ?!". Puis d'un coup la réalité me rattrape : impuissante, je me sens basculer en arrière. Cette chute me vaudra deux magnifiques bleus : un sur la cuisse droite, l'autre sur le bras gauche. L'un dû à un coin de meuble, l'autre à la poigne de la personne qui a tenté de me rattraper.

En ce moment, je tombe beaucoup je trouve. Alors j'essaye de rester consciente, ancrée dans la réalité assez longtemps. C'est la raison pour laquelle une odeur écœurante de café
empoisonne l'atmosphère de ma chambre. Bien que les minutes s'égrainent, je n'avance pas dans mon travail. Et pourtant je dois avouer que ça m'est égal. Je prendrai mon courage à demain.
Je bois du café à m'en donner mal au cœur. L'idée la moins constructive du monde, car le seul résultat auquel j'arrive c'est de garder les yeux grands ouverts dans mon lit sans trouver le sommeil.

En ce moment, ce qui rentre par une oreille ressort immédiatement par l'autre. Il en a toujours été ainsi : depuis ma plus tendre enfance, ma mère me qualifie à juste titre de "tête percée".
Le problème, c'est que j'ai l'impression que le trou s'agrandit. Plus je dois être ultra rigoureuse dans mon boulot, plus je suis à côté de la plaque dans ma vie. J'ai du mal à rester concentrée, et plus que jamais je me réfugie dans les petits tracas quotidiens. Gautier a encore copié sur Nicolas, qui est encore venu en retard avec Stéphane, qui a encore refusé d'ôter sa veste comme Candice, qui trouve que mon barème "c'est n'importe quoi"...

Cet inhabituel calme face à l'inconnu, que j'ai d'abord pris pour un regain inespéré de confiance en moi, s'est finalement avéré être les premiers prémisses de ma nouvelle attitude désinvolte et bl
asée. Il y a encore quelques mois, j'aurais été dans la panique totale, ne m'étant pas encore intéressée au mémoire que je dois pondre pour bientôt, ni aux cours que je dois donner bientôt et que je n'ai pas du tout préparés. Quoiqu'en écrivant cette phrase, je dois avouer que je ressens une timide décharge d'adrénaline... Mais je l'oublie bien vite, me sentant encore trop lasse pour affronter tout ça. Comme les enfants qui ferment les yeux très fort en espérant que quand ils les rouvriront, leurs devoirs seront faits.
Je suis partisane du "on verra déjà". Cette phrase que j'ai prononcée bien souvent le soir en partant de chez moi pour je ne sais où, avait le don d'angoisser ma mère qui me voyait foncer vers l'inconnu. C'est ainsi que je me suis retrouvée à boire l'apéro chez des gens que j'avais croisés juste une fois, ou que j'ai rejoint de (vagues) "potes" qui devaient aller à une (très vague) "soirée", ne sachant même pas trop par quels moyens et quand j'allais rentrer. J'ai beaucoup de chance car je ne suis jamais tombée sur un os, et pourtant je suis une cible de choix avec mes raisonnements à la "après tout pourquoi pas". Sentiment stupide d'invincibilité ou naïveté coupable ? Sûrement un peu des deux.
De toute façon en ce moment je m'en fous. De tout. Je marche au radar, je travaille par automatisme, ne réfléchissant pas à ce que je fais. Je sais que je suis à la bourre, j'ai le couteau sous la gorge mais il ne pique pas encore assez à mon goût. Quand il aura bien entamé ma chair, peut-être songerai-je à me bouger un peu les fesses.

En attendant je continue à chanceler, entre la fatigue et l'ivresse, espérant qu'il y aura toujours quelqu'un pour me rattraper si je tombe.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

"je prendrai mon courage à demain", j'adore !