vendredi 15 août 2008

Le dormeur

Lorsqu'on ne dort pas assez, on saisit à peine la moitié de ce qui nous arrive. Globalement, j'aime cet état de quasi somnambulisme, cette façon d'accepter que les heures, les jours filent à la vitesse grand V sans jamais essayer de se raccrocher à un quelconque indicateur de temps. Je ne suis même pas sûre de savoir quel jour on est, ni quelle date : je sais simplement qu'on est dans les environs de mi-août, et qu'il ne me reste plus beaucoup de temps pour profiter de mes vacances. Seul notre estomac nous indique quand nous nourrir, le "midi" est alors un concept dépassé.
Je sais qu'il me manque des heures de sommeil, que je ne suis bonne qu'à grossièrement éplucher quelques pommes
de terre, bonne qu'à passivement attendre que le temps passe.

Improviser, vivre au jour le jour sans se poser de questions... toute forme d'anticipation quelconque a été bannie de ma vie depuis ce dernier mois. C'est ainsi qu'hier j'ai organisé un barbecue pour 7 personnes chez mes parents, qui a duré jusque tard dans la nuit, et que ce matin à 11h j'étais confortablement assise dans un fauteuil de cinéma à attendre que le film Batman commence, aux côtés du fameux mec parfait déjà maqué. (Ca c'est bien moi de n
'aller au cinéma en tête à tête qu'avec des mecs non célibataires...) A cause de la fatigue, je ne lis pas tous les sous-titres, et je dois avouer que je n'ai pas tout suivi depuis le début... Mais sa présence, sa putain de présence qui remue encore et toujours le couteau dans la plaie me réconforte néanmoins.
Lorsqu'on croise deux personnes qu'il connaît, je ne peux m'empêcher de penser qu'ils pourraient croire que je suis sa copine, et cette pensée me réjouis quelques secondes, avant que je redescende lour
dement sur terre. J'ai honte d'être aussi puérile, et de me raccrocher comme ça à de simples fantasmes. Pourtant, j'avais cru réussir à me raisonner. Ce jeune-homme n'est de toute façon entouré que de filles tellement il est adorable et doux, et il a fini par en choisir une et une seule dont il semble amoureux. Non. Il ne "semble" pas, il faut que je me dise qu'il est amoureux d'elle, même si je n'ai pas de preuves. Je perds mon temps à attendre là, en embuscade, le premier signe de faiblesse de sa part, les premières disputes qui ne se sont pourtant jamais produites. J'ai l'impression d'agir avec lui comme si c'était un animal apeuré que je voudrais domestiquer. D'abord l'approcher, de loin, puis l'habituer à ma présence jusqu'à ce qu'un jour il accepte de manger dans ma main. Viens par ici, gentiiiiil.
En sortant du cinéma, encore dans le film, il a brandi son parapluie et m'a lancé "tu veux que je te sauve la vie ?" "Non, ça ira merci". Je pense "Finalement, heureusement que je ne suis pas ta copine Bruce, sinon je ne donne pas cher de ma peau" (pour ceux qui ont vu le film).
Je ne donne pas cher de ma peau car je serais complètement dingue de lui, avant de me rendre compte qu'il est finalement très banal. Je choisis souvent comme ça. J'aime les extrêmes, je passe du tac au tac d
es bad boys aux sain(t)s irréprochables.

J'ai une préférence pour les doux rêveurs comme moi qui ne savent pas ce(lles) qu'ils veulent. Je m'attache trop souvent aux girouettes. Car avec eux, on sort d'une histoire comme d'un rêve : on ne distingue plus nos vagues mais belles intentions, fondées sur des "si", des faits accomplis tellement on en a eu des projets et des "un jour"... On a alors trop dormi ou pas assez, on se demande si tout ça a bien été réel, on a la gueule de bois, on saisit à peine la moitié
de ce qui nous arrive. Et après on est bons qu'à grossièrement éplucher quelques pommes de terre, bons qu'à passivement attendre que le temps passe... jusqu'aux prochains "un jour, on le fera".


2 commentaires:

postmodernism a dit…

je crois que tu me remontes le moral.

c un super post en tout cas

Monday Morning a dit…

Merci. Tant mieux si ça peut te remonter le moral, moi quand je me relis ça me le plombe plutôt mais enfin bon...
A la limite, vivement la rentrée pour que mon esprit soit à nouveau entièrement occupé par le boulot, là y en a marre des vagues histoires de cœur à la con !