samedi 4 avril 2009

Grandir

Alors c'est ça grandir ? C'est tenir un verre de vin blanc dans une main, une part de Kougelhopf délicatement posé sur une petite serviette en papier pour ne pas faire de miettes dans l'autre, et discuter de sa grossesse et de son accouchement, détails techniques à l'appui, avec d'autres femmes ? Si tel est le cas, je crois que je ne suis pas encore prête. Et pourtant, c'est au milieu de ces femmes que je me suis retrouvée coincée hier, verre de vin blanc trop sucré de rigueur après le conseil d'administration. De toute façon je n'avais pas le choix, c'était les femmes ou le principal du collège. J'ai regretté mon choix quand elles ont commencé à parler de leurs vergetures "J'te jure, j'ai éclaté comme un pop-corn, j'avais des vergetures qui apparaissaient de partout !" et de se lancer dans des bruits de pop-corn qui éclate.
J'aurais préféré une bière. J'aurais préféré être ailleurs. J'aurais préféré ne pas revivre la palpitante évolution de la dilatation de leur col de l'utérus.

La veille, j'étais à un concert et j'ai encore ressenti le besoin vital de me marier avec le chanteur. De cette expérience aussi j'en ai déduit que je n'étais pas encore prête pour grandir...
La semaine dernière j'en ai aussi profité pour revoir des potes. Des soirées comme je les aime : à quinze au 17è étage d'un appart à proximité de la fac, je parle à peine à la moitié des gens mais je les aime tous. C'est con mais j'arrête pas de me dire "il n'a pas changé", comme si ça faisait dix ans que je ne les avais pas vus. Juste dix mois... Et d'ailleurs je ne vois pas pourquoi ils changeraient.
E. par
le toujours de politique, et finit la soirée en critiquant le patronat, J. commence très vite à picoler, puis à être câlin avec une fille quelconque, avant de finir la soirée chagrin à boire du café dans la cuisine et à nous expliquer combien il est amoureux de sa copine qui est parfaite. Il y a ensuite toujours un petit groupe qui se met à part pour faire de la psychologie de comptoir, genre "comment sait-on si on est amoureux" et je ne peux jamais m'empêcher d'y fourrer mon nez et attendre le bon moment pour faire une remarque cynique et méprisante.
Ma
is la vérité c'est que j'ai un cœur de pierre. Et pourtant j'étais contente de les voir. J'étais tellement contente que mon verre se remplissait constamment. Je les aime, ces étudiants qui vieillissent avec le bon vin. Je n'aurais pas voulu que la soirée se termine, je n'aurais pas voulu rentrer chez moi. Ici ce ne sont pas des miettes de Kougelhopf, mais de la cendre et de la bière qu'on risque de mettre par terre. Et on n'a pas de serviette en papier mais de l'essuie-tout. On met la musique tirée de Deezer trop fort. On est quinze dans un petit appart et on refait le monde.

Pour me remonter le moral, je pense à ces soirées, et je sirote mon vin blanc. Le monde dans lequel ces femmes vivent me semble bien étranger et bien lointain du mien. Le seul point commun : quand j'estime avoir assez picolé, je me casse. Sans dire au revoir à personne.


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