jeudi 15 avril 2010

Nouveau message

Plus de notes en deux mois, pourtant chaque jour je pense qu'il faudrait écrire, mais chaque jour je ne sais pas trop quoi dire. Même si en y réfléchissant, il y a deux ans je n'avais pas grand chose d'intéressant à dire non plus et pourtant j'étais plus prolixe. Alors je parlais pour ne rien dire ? Je crois plutôt que je parlais pour mieux ressentir, pour le revivre et le faire partager à travers mes écrits. C'est peut-être ça aussi "grandir", ne plus être nombriliste, ne plus croire que ce qu'on pense intéresse la terre entière tellement c'est original et profond.
Me taire car si je dis ce que je ressens, mettre des mots sur mon sentiment profond me donne envie de pleurer. Mais la fatigue extrême me délie bien la langue, mes vendredis soirs à m'envoyer des cocktails se ressemblent plus ou moins, mes lundis à bailler, mes mardis à enchaîner 8h de cours dans un état second m'épuisent. Alors entre la sixième heure et la septième heure, je vide mon sac en salle des profs. J'ai parfois l'impression d'être un paillasson, essuyer les provocations, l'insolence, ou simplement le mépris... Le fait de ne pas être traitée comme une adulte qui représente l'autorité mais comme un détail, une moins que rien me mine. J'ai presque envie de sangloter, prévoyant que les deux dernières heures vont encore mal se passer comme d'habitude. Mais finalement pour une raison inconnue ça se passe bien et ça m'a réconforté... De la complicité se crée entre certains. Alors qu'en début d'heure personne n'écoute, je lâche faiblement dans un soupir "youhouuu j'existe...." avec un air blasé ce à quoi répond Stéphanie (au premier rang) "Oh madame, ne déprimez pas..."
Cette phrase qui aurait pu m'achever m'a au contraire remonté le moral. Passer enfin du statut du paillasson à celui de l'être humain. Cette année j'ai appris énormément de choses, je ne suis pas encore au point mais j'analyse mieux les situations et je commence à m'en sortir. Évidemment je n'en suis pas encore au point des profs chevronnés qui n'ont jamais ramassé un carnet de correspondance alors que moi je passe mon temps à cela. Je n'en suis pas au point de vanner les élèves, je n'ai pas un sens de la répartie très développé et je marche encore sur des œufs mais je sens que bientôt j'aurai plus d'assurance...

En attendant je croise des bobos et ces petites bêtes me passionnent déjà. Mon nouvel objectif est de réussir à m'incruster dans une soirée bobo d'étudiants à la Sorbonne dont les parents possèdent une villa sur la côte méditerranéenne et je suis plutôt en bonne voie. De toute façon j'ai toujours admiré ces nanas décomplexées qui disent "youpi" à tout tandis que je dis "euhh" à tout. Cette rouquine qui prétend s'être débrouillée pour, dans la même soirée, persuader deux types différents qu'il étaient chacun en couple avec elle me bluffe. Et pourtant elle n'est pas si jolie. "Comment fais-tu ?" lui demandais-je, elle m'a répondu avec un haussement d'épaules.

Sur ce, je vais essayer de me trouver une petite robe, tenue de camouflage si je veux réussir à m'infiltrer dans le monde des bobos branchés. Bientôt les prochaines aventures de Monday Morning qui se bourre la gueule au champagne et y repense avec nostalgie devant un café en salle des profs, faisant abstraction des hurlements des gamins dans le hall.


1 commentaire:

boultan a dit…

toujours se méfier des rouquines