lundi 1 juin 2009

Plus ou moins seule

Trimballée dans un bus toute une matinée pour arriver en Belgique, y manger du chocolat puis y boire des bières. Là j'y ai aussi découvert que la nana que je considérais comme chiante est vraiment très chiante, et que je ne peux m'empêcher de mépriser un peu les filles maquillées à mort dès 5h du matin même si elles vont passer l'essentiel de leur temps à roupiller contre une vitre. Entrer en K-way et jean/T-shirt fatigués dans un restaurant gastronomique avec serveurs efféminés et dont la marque du slip dépasse du jean me met toujours mal à l'aise, mais déjà un peu saoule je m'assieds parmi mes camarades. Des filles parlent mariage. Une fois de plus je suis la seule célibataire dans le tas, et pourtant je ne suis pas la plus moche ni la plus chiante, ni la plus conne. "T'es pas assez réceptive" comme l'analysait ma mère, ce qui sous-entend qu'il n'y a pas marqué "open bar" sur ma tronche mais "attention je monte la garde".
Me marier me semble tellement étranger, au point qu'à la limite je me vois mieux élever un enfant seule que trouver le grand amour. Perdue dans mes pensées je saisis ma bière. Comme je n'ai pas fait attention en la versant dans mon verre, j'ai généré un champignon atomique de mousse. Huit centimètres de dioxyde de carbone emprisonné dans de l'eau surmonte mon verre, ce qui fait bien marrer mes voisins.

Le lendemain, dans le bus, après trois cafés et deux bières, je me laisse bercer par le bruit du moteur : les grandes gueules qui faisaient les fanfarons le sont beaucoup moins après une nuit très courte. Déjà on néglige de boucler nos ceintures, certains naviguent à vue dans l'allée centrale pour aller rendre visite aux voisins de derrière qui aimeraient pourtant somnoler tranquillement. Le ventre quasiment vide, je n'ai pas très faim, j'attends juste d'être rentrée. Mais une fois arrivée à Strasbourg, j'apprends que le chauffeur ne peut finalement pas me conduire à Mulhouse, car il ne m'avait pas comptée parmi les passagers (étant partie de Strasbourg à l'aller). Le chauffeur me jette donc du bus, m'abandonnant sur un parking à 21h30. J'ai quelques minutes pour nous rendre, moi et mes gros sacs, à la gare afin de prendre le train. La fatigue a cet avantage qu'elle rend les épreuves moins pénibles, car presque irréelles, vues à travers la brume du sommeil.
A la gare, j'appelle mon beau-frère à l'aide, le suppliant de venir me chercher à la gare de Mulhouse à 22h45. Dans le train, les vêtements et la mine chiffonnés après une journée dans un bus, toujours le ventre vide et les idées peu claires, je titube jusqu'aux "toilettes" pour me brosser machinalement les dents avant de rejoindre une place et m'affaler sur une banquette, mes sacs me servant d'oreiller. Seule, sans défense, je m'abandonne pourtant à la rêverie tout en gardant un œil ouvert au cas où.
Là je découvre enfin ce que c'est de voyager seule, de se débrouiller seule avec ses bagages, bref aperçu de ce qui m'attend prochainement. Cela n'est finalement pas si agréable que ça. Cette fois, quelqu'un m'attend encore sur le quai, mais je sens que c'est une des dernières fois. Alors je lui fais un grand sourire.

3 commentaires:

Candy a dit…

"Voyager seule, ce n'est finalement pas si agréable que ça"
TU M'ETONNES, JOHN !
Ca doit faire un truc comme 10 ans que je voyage seule (et qu'il n'y a que très rarement quelqu'un pour m'attendre sur le quai), et je trouve toujours ça aussi triste.

D. a dit…

On se fait à la solitude, on se fait à tout...

ultimate a dit…

je ne compte plus les heures passees dans les aeroports entre la norvege l'allemagne et les states.

quand je suis partie aux USA, le coeur brise et avec ma vie dans une seule valise, j'ai realise que qqpart j'avais toujours ete seule et que je le serai toujours.