vendredi 1 juillet 2011

Eté

Ça y est, ça sent les vacances, l'été. La chaleur, les barbecues dans les jardins des amis, les longues journées passées à ne rien faire d'autre qu'à attendre qu'elles s'achèvent. Je me revois enfant, assise sur le trottoir en short devant la maison au mois d'août, le menton dans les paumes et les coudes sur les genoux, à attendre que les minutes défilent... L'ennui invite à rêvasser, à sortir de soi-même pour se regarder, là, assise bêtement sur le trottoir sous le cagnard, à se dire "dans quinze ans tu te souviendras peut-être de cette scène quand tu seras en train de siroter une caïpirinha bien fraîche sur la terrasse d'une maison luxueuse en face de Montsouris."
Les journées brûlantes, les soirées chaudes, l'alcool, les batailles de bière, les cheveux qui collent, les trajets en voiture vitres ouvertes. Puis enfin, les orages. Se réveiller à cause du bruit et se lever pour ouvrir les volets et admirer les éclairs qui déchirent le ciel et illuminent les rues désertes. Attendre les premières gouttes, avoir soudain envie d'écouter un morceau en particulier qui ira bien avec l'atmosphère électrique. Une boule dans le ventre qui grandit, un mélange de peur ancestrale et de soulagement de sentir la température chuter. Adolescente j'ai quitté subrepticement la maison de mes parents une nuit d'orage pour aller courir en pyjama à trois heures du matin : j'ai fait le tour du pâté de maison sous une pluie battante, assourdie par le tonnerre et rapidement trempée. C'était une des premières fois que je cédais à une pulsion et que je mettais de côté la raison. Dix ans plus tard, la scène m’apparaît comme dans un rêve.
La musique, l'alcool, les fous rires, les fêtes, les chamailleries, les interminables discussions en terrasse, celles dans le noir quand on peut marcher la nuit dehors sans mourir de froid, les bêtises, les psychodrames, les excuses et puis l'ennui un peu, se retrouver un peu seul, puis très seul, en profiter pour prendre soin de soi, pour faire un peu de sport, boire un peu plus d'eau, de thé. Lentement sentir l'été se finir, appréhender septembre et se dire "vivement l'an prochain". Je suis au meilleur moment : la veille de mon premier jour de vacances. Tellement bon ce moment que je ne veux pas me coucher, comme quand enfant j'étais excitée le soir de la veille d'un départ en vacances et que je me disais "bah, je dormirai dans la voiture". Là j'aurai deux mois pour dormir.

Aucun commentaire: