samedi 26 avril 2008

Comme une voleuse

Si tu ne viens pas avec nous, c'est comme si tu partais comme une voleuse.
Oui mais moi je ne suis pas vraiment encore prête pour tout ça. Déjà, je n'aurais jamais dû me retourner, je n'aurais pas dû prêter attention à cette fille à l'extérieur du bar, un Picon à la main, et qui m'a invitée à la rejoindre de l'autre côté de la rue pour lui parler. J'aurais mieux fait de poursuivre mon chemin vers ma voiture, déjà qu'il était tard, au lieu d'entrer dans son jeu et de me laisser embrasser. J'aurais dû faire mine de résister lorsqu'elle a plaqué mon petit corps tremblant contre une porte bleue d'un immeuble à côté du bar, où habite un certain "Antoine" d'après la sonnette.
Toutes ses copines lesbiennes gloussaient à côté de nous. Elles se demandaient pourquoi maintenant j'avais ma
langue dans la bouche de leur copine alors qu'il y a 5mn je n'existais pas.
D'ailleurs moi non plus je ne comprenais pas trop. En plus, pour une fois j'avais pas trop picolé. Enfin sur le coup je m'en foutais un peu. Ça faisait longtemps que quelqu'un ne m'avais pas fait des baisers dans le cou, alors pour une fois que ça arrive j'ai tendance à en profiter.
N'empêche, ça ne me ressemble pas en gé
néral de me laisser allumer comme ça en pleine nuit à la sortie d'un bar...

Toujours est-il que la fille qui m'a mis le grappin dessus insiste pour que je l'accompagne elle et sa bande de filles en chaleur, continuer la soirée. Pour moi, il en était hors de question.
Ça fait au moins une heure que je rêve d'être enfouie dans mes draps. Un type rencontré au concert m'en a déjà empêché. " Alors comme ça, toi qui est fan du groupe, tu te casses à la dernière note de mu
sique ? Ben viens donc, on va fumer une clope avec eux ! "
Donc j'ai fumé une clope avec eu
x. Quelle faible créature influençable !
Les gens ont décidé que ce soir c'est le grand soir, il ne fallait surtout pas que je rentre me reposer. C'est beaucoup plus intéressant de faire la fête.

La fille m'empêche de passer. Elle ne cesse de vouloir m'embrasser, me câliner. Lassée, je tente de me dégager. Je lui explique qu'il est absolument impossible que je l'accompagne ce soir. Elle mendie mon numéro de portable.
Je bloque : le ferai-je ou ne le ferai-je pas ?

Je rétorque que je ne la connais même pas, que d'habitude je sais le prénom des gens avant de leur rouler une pelle....
En outre, ce que je ne lui dis pas, c'est que je n'ai pas vraiment envie de justifier à tous mes amis et camarades le fait que
je sorte avec une fille. Je n'ai pas le courage d'assumer ça pour l'instant. Je n'ai pas encore analysé la chose. Je ne sais pas s'il est socialement admis qu'on puisse être amoureux indifféremment d'un homme ou d'une femme, fait qui me semble pourtant depuis un bon moment hautement logique et naturel.
Pourtant, je sais par avance que même si une aventure (brève ou non) avec la miss me semble plutôt attirant, je serai obligée de cacher notre relation, ce qui me semble compliqué étant donné qu'elle est étudiant
e sur le Campus comme moi....

Je lui présente donc mon fameux exposé habituel : un jour où l'autre je me rendrai compte que je ne suis pas vraiment (ou vraiment pas) attirée par toi, alors autant oublier tout de suite.
J'opte en fait pour la solution de facilité : je m'enfuis effectivement comme une voleuse, sans lui laisser mon numéro de portable, sans prendre le sien. Cet épisode n'a jamais eu lieu, je ne suis qu'une passa
nte certes un peu immorale qui marchait dans le coin à ce moment. D'ailleurs personne n'envisage que je suis capable d'embrasser des filles dans la rue. On ne me croirait même pas...
Et pourtant, partout où je passe, je laisse traîner
mon prénom. Comme il est plutôt "original", les gens le retiennent bien. Je sème des morceaux de moi en ville, mais personne ne possède le puzzle complet : on me retrouve sous plusieurs étiquettes. Je commence quelque chose, puis soudainement je tourne le dos et poursuis ma route vers d'autres horizons qui n'ont rien à voir.

Alors en tournant le dos à cette fille, la laissant désappointée sur un bout de trottoir à 2h40 du matin, j'espère juste que l'alcool qui l'a rendue décontractée et décomplexée au point de m'allumer comme ça, lui fera aussi oublier mon visage.


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