mercredi 23 avril 2008

Mon coeuuuuur mon amour

Je suis assise sur le canapé, une Pina Colada à moitié vide dans la main, la paille en bouche, et j'aspire en coinçant celle-ci entre mes dents afin de limiter le flux d'alcool descendant dans mon gosier. A ma gauche, deux couples. En face de moi, deux couples. Ma soeur ne boit pas d'alcool. Je découvre pour la première fois ce sentiment d'énervement dû à la présence de quelqu'un qui refuse de boire, ne partageant donc pas ainsi l'ambiance d'ébriété commune. Elle ne peut pas comprendre, elle ne peut pas relativiser, ni oublier ; elle ne peut pas pardonner...
Le niveau blanchâtre descend régulièrement
dans mon verre, laissant une mousse de lait de coco collée sur les bords.
Du coin de l'œil, j'aperçois à ma gauche des mains qui se cherchent, des caresses. Ça m'exaspère. Irritée, je détourne le regard mais je suis cernée. En face de moi c'est pire puisqu'il s'agit de ma sœur et de mon "beau frère". Une semaine déjà que je subis les "mon cœur" "mon ange", les "moi aussi je t'aime mon amour". Je n'en peux plus.
Je commande une autre Pina Colada, ce qui ne passe pas inaperçu, les autres n'ayant pas encore bu la moitié de leur cocktail. On se
moque gentiment de moi et de ma descente inhabituelle pour eux. On m'appelle "Bob l'éponge". Ha-ha-ha.

Ce soir je suis mélancolique, je ne sais pas pourquoi. Peut-être parce que déjà au dîner j'étais en bout de table, avec personne en face de moi, et mon voisin me tournant quasiment le dos pour causer avec le centre de la table. Et pour causer de quoi ? De sa chérie qui a mal pris une remarque d'une amie de ce groupe d'amis de ma sœur que je découvre depuis une semaine.

Ça m'énerve tous ces gens qui sont capables d'aimer au point de devenir fous si l'avion du retour a quelques heures de retard. Ils s'aiment tellement qu'ils vivent ensemble et envisagent d'acheter une maison. Lorsque mon "beau frère" se jette sur ma sœur pour lui faire plein de bisous bien sonores je craque. Je finis mon cinquième et dernier cocktail cul sec, et je prétexte une grosse fatigue pour quitter le lobby de l'hôtel et me diriger au plus vite vers ma chambre. Je me dépêche de l'atteindre, la frustration me dévorant les tripes. Après avoir fermé la porte, je m'écroule enfin, ne cachant plus mes larmes. Je me laisse aller au plus primaire besoin d'évacuer ma rage, ma jalousie, mon sentiment stupide d'injustice et d'abandon. Je pleure comme une gamine à qui on refuse un jouet que tous les autres possèdent.
Moi aussi je veux m'amuser !

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Rhalàlà ! Courage ! Et vive les gens qui vident leur verre 2 fois plus vite que les autres.
(putain, moi, l'autre fois, j'ai conseillé à un type qui me disait avoir une petite fille de 2 ans et être toujours avec la mère, je lui ai donc conseillé d'aller se foutre des objets volumineux et anguleux de préférence... trop d'alcool ?)