mercredi 10 septembre 2008

Le saule pleureur

Hier j'ai fait un tour dans mon jardin. Celui que je devrai bientôt appeler "le jardin chez mes parents". Stupéfaite, j'ai constaté que du lierre atteignait maintenant presque le sommet du saule pleureur. Moi qui croyais connaitre ce jardin comme ma poche...
Le temps a passé et l'arbre sous lequel j'allais me réfugier est maintenant envahi par ce lierre que je suis en train de découvrir. Je contemple un moment les branches du parasite serpenter sur le tronc, s'entrecroiser et poursuivre leur ascension.
Comment ai-je pu passer à côté de ça ?

Le temps a fait un énorme bond ces dernière années. Il faut dire que j'ai passé pas mal de temps à courir, je n'ai rien vu passer, ou si vite ! Comme après un voyage en train, il ne me reste que de vagues souvenirs, des images fugitives et entremêlées de pièces sombres, d'amphithéâtres, de lumières qui clignotent, de spots de toutes les couleurs, de verres à moitié vides, de fumée de cigarette, de fenêtres ouvertes, et de mes Dc Martens noires. Bizarrement j'associe nombre de ces images à mes pompes, je ne sais pas pourquoi. Peut-être que je regarde bien souvent mes pieds, trop souvent en fin de soirée. Je vérifie alors qu'ils sont toujours bien au bout de mes jambes que je croise et décroise fébrilement, et tortille autour des pieds de ma chaise.
J'ai l'impression que ça fait une éternité qu'on n'a plus le droit de fumer dans les bars. Sans réfléchir, je dirais au moins deux ans alors que c'est encore tout récent ! J'ai perdu toute notion du temps, on est déjà en septembre mais j'ai l'impression de faire un rêve, étant donné la vitesse avec laquelle tout s'est précipité.
Maintenant je passe cinq heures par semaine dans un train, le paysage défile tandis que je pense à ces dernières années, mes années d'études que j'ai torchées vite fait bien fait pour me retrouver propulsée dans le monde du travail. "Terrifiant" me disait mon ex à ce sujet. Il faut croire que l'idée que si jeune je sois déjà embarquée dans le "système" l'épouvante, comme si gagner des sous était une forme de décadence.

Pourtant, je n'ai pas changé, du moins pas encore. J'ai parfois zappé quelques trucs. Je suis passée assez vite devant pas mal de choses, comme en coup de vent sans jamais trop m'attarder. J'ai exploré quelques horizons différents, épiant à travers le trou de la serrure, par curiosité. On m'a ouvert des portes mais je suis raisonnablement restée sur le palier. Je me balade et profite du paysage sans prendre le temps de l'analyser, de me demander si tout va bien, si les autres sont réellement heureux.

Et après, quand je daigne enfin être attentive, il ne me reste plus qu'à constater les dégâts, le lierre a déjà atteint le sommet : il est trop tard.

Aucun commentaire: