Me voilà encore en train de conduire vers la ville pour retrouver mon amie "Sciences-po" celle des scandales, celle qui m'appelle à la dernière minute pour aller boire un verre, celle qui a 559 amis sur facebook...
Sauf que cette fois-ci, mon amie a changé. Déjà elle est à l'heure, ce qui tient du miracle, ensuite elle ne parle pas tout de suite de ses supposées conquêtes avant d'avoir fini son premier verre. Mais je m'en fous car j'ai déjà décroché.
Un peu plus tard on décide de prendre un troisième verre ailleurs. Je la suis. Là elle m'emmène dans un bar un peu classe, connu pour regorger de parlementaires ou de working-men bossant au conseil de l'Europe. J'ai l'impression d'être plongée dans l'univers de Brett Easton Ellis, entourée de types en costume, chemise blanche froissée par la journée au bureau. Impressionnée par la page entière consacrée aux Whiskys de la carte, je commande néanmoins un verre de vin blanc à 5€. Je souris car je reconnais bien là les fantasmes de mon amie Sciences-po, et bien que non totalement indifférente au charme du costume cravate, je préfère garder mes distances.
Au bout de cinq minutes, ma comparse s'est déjà fait aborder par un type passablement bourré au gin tonic (?) dont je ne comprends rien aux propos, sa diction étant altérée par l'alcool et la musique résonnant dans mes oreilles. Au bout de quelques instants, le lourdingue tapote déjà amicalement la cuisse de mon amie. Tel un chien de garde, je lance un regard appuyé au type hilare. Celui-ci ne tarde pas à se moquer de moi, disant que je "me fais chier", que je ne souris pas assez, qu'il faut que je me décoince ou je ne sais quoi encore, ce qui a le don de m'énerver au plus haut point, d'autant que c'est souvent qu'on me fait la remarque. Eh ouais, je suis rigide, je suis autoritaire, en particulier avec ce genre de connards. Ironique, je prends alors part à leur conversation, je lui parle en quelques mots de mon métier, ce qui, comme d'habitude, engage la polémique sur les collèges de banlieue. Je me prends en pleine gueule que de toute façon ces gosses sont perdus, que ce que je ferai ne servira à rien blablabla, ce qui, il faut le dire, m'énerve encore plus. Non mais de quoi il se mêle celui-là ? Comme beaucoup de gens, ce monsieur a une théorie sur l'éducation et de nombreux conseils à me donner, conseils que j'écoute en disant "oui-oui" de temps en temps. Plus il boit et bavarde et plus je bouts intérieurement.
S'ensuit une tentative d'avances pitoyable basée sur une comparaison entre nous et les signes + et - des charges électriques (ben oui, je suis prof de physique donc forcément je suis obsédée par les sciences), image que je fais semblant de ne pas saisir, jouant la naïveté jusqu'au bout "mais enfin, la matière est électriquement neutre, c'est impossible que tu sois chargé négativement et moi positivement enfin, je ne comprends pas...".
Je commence à me lasser de cette situation, d'autant que j'ai fini mon verre depuis un moment déjà. Alors je me retourne progressivement vers mon amie Sciences-po, présentant ma nuque à mon interlocuteur et invitant ma complice à faire semblant d'avoir avec moi une conversation animée et passionnante. Celle-ci joue le jeu, me demandant toutefois "tu as envie de partir ?", ce à quoi je ne sais pas encore quoi répondre. Je pèse le pour et le contre, jusqu'à ce que je sente le visage ébahi du boulet se poser sur mon épaule gauche, ledit visage éructant mon prénom suivi de "elle se fait chiiiieeeer !" Je ne peux apparemment réprimer une grimace de dégout, face à quoi mon amie affirme "là tu as envie de partir !" Je secoue mon épaule et me retourne vers le parasite, lui expliquant qu'on va s'en aller. Il rigole grassement, se moquant de nous en nous demandant quelle permission on a pour l'heure... Avec spiritualité, mon amie lui rétorque qu'on n'a pas eu la permission de sortir, et qu'on a fait le mur. Sur ce il se marre littéralement, donnant un coup de coude à son voisin "Hey, elles disent qu'elles font le muuuuur !" Excédée mais prise d'un doute sur sa compréhension de cette expression, je lui lance : "Faire le mur ça veut pas dire faire le trottoir Ducon !!!" me maîtrisant pour ne pas être plus violente, et je me dirige vers la sortie, furieuse.
Je suis furieuse car c'est la première fois que je sens la violence monter en moi, voyant bien que j'étais à deux doigts de repousser violemment ce connard, furieuse car une fois de plus je ne peux pas dire que je suis prof sans que cela entraîne des débats interminables, furieuse car chambrée à cause de ma "mauvaise humeur".
Dans ces bars, les femmes servent de faire-valoir, elles sont là pour subir, roucouler et fermer leur gueule. Je trouve ces endroits où des hommes font la cour à des jeunes filles qui ont l'âge de leurs enfants beaucoup plus glauques que les endroits sordides où j'ai pu mettre les pieds. J'ai beaucoup plus peur d'un homme qui croit avoir du pouvoir que d'un dealer croisé dans une ruelle sombre, même si le premier est bien mieux sappé. Ou alors je n'aurais pas du relire American psycho...
Un peu plus tard on décide de prendre un troisième verre ailleurs. Je la suis. Là elle m'emmène dans un bar un peu classe, connu pour regorger de parlementaires ou de working-men bossant au conseil de l'Europe. J'ai l'impression d'être plongée dans l'univers de Brett Easton Ellis, entourée de types en costume, chemise blanche froissée par la journée au bureau. Impressionnée par la page entière consacrée aux Whiskys de la carte, je commande néanmoins un verre de vin blanc à 5€. Je souris car je reconnais bien là les fantasmes de mon amie Sciences-po, et bien que non totalement indifférente au charme du costume cravate, je préfère garder mes distances.
Au bout de cinq minutes, ma comparse s'est déjà fait aborder par un type passablement bourré au gin tonic (?) dont je ne comprends rien aux propos, sa diction étant altérée par l'alcool et la musique résonnant dans mes oreilles. Au bout de quelques instants, le lourdingue tapote déjà amicalement la cuisse de mon amie. Tel un chien de garde, je lance un regard appuyé au type hilare. Celui-ci ne tarde pas à se moquer de moi, disant que je "me fais chier", que je ne souris pas assez, qu'il faut que je me décoince ou je ne sais quoi encore, ce qui a le don de m'énerver au plus haut point, d'autant que c'est souvent qu'on me fait la remarque. Eh ouais, je suis rigide, je suis autoritaire, en particulier avec ce genre de connards. Ironique, je prends alors part à leur conversation, je lui parle en quelques mots de mon métier, ce qui, comme d'habitude, engage la polémique sur les collèges de banlieue. Je me prends en pleine gueule que de toute façon ces gosses sont perdus, que ce que je ferai ne servira à rien blablabla, ce qui, il faut le dire, m'énerve encore plus. Non mais de quoi il se mêle celui-là ? Comme beaucoup de gens, ce monsieur a une théorie sur l'éducation et de nombreux conseils à me donner, conseils que j'écoute en disant "oui-oui" de temps en temps. Plus il boit et bavarde et plus je bouts intérieurement.
S'ensuit une tentative d'avances pitoyable basée sur une comparaison entre nous et les signes + et - des charges électriques (ben oui, je suis prof de physique donc forcément je suis obsédée par les sciences), image que je fais semblant de ne pas saisir, jouant la naïveté jusqu'au bout "mais enfin, la matière est électriquement neutre, c'est impossible que tu sois chargé négativement et moi positivement enfin, je ne comprends pas...".
Je commence à me lasser de cette situation, d'autant que j'ai fini mon verre depuis un moment déjà. Alors je me retourne progressivement vers mon amie Sciences-po, présentant ma nuque à mon interlocuteur et invitant ma complice à faire semblant d'avoir avec moi une conversation animée et passionnante. Celle-ci joue le jeu, me demandant toutefois "tu as envie de partir ?", ce à quoi je ne sais pas encore quoi répondre. Je pèse le pour et le contre, jusqu'à ce que je sente le visage ébahi du boulet se poser sur mon épaule gauche, ledit visage éructant mon prénom suivi de "elle se fait chiiiieeeer !" Je ne peux apparemment réprimer une grimace de dégout, face à quoi mon amie affirme "là tu as envie de partir !" Je secoue mon épaule et me retourne vers le parasite, lui expliquant qu'on va s'en aller. Il rigole grassement, se moquant de nous en nous demandant quelle permission on a pour l'heure... Avec spiritualité, mon amie lui rétorque qu'on n'a pas eu la permission de sortir, et qu'on a fait le mur. Sur ce il se marre littéralement, donnant un coup de coude à son voisin "Hey, elles disent qu'elles font le muuuuur !" Excédée mais prise d'un doute sur sa compréhension de cette expression, je lui lance : "Faire le mur ça veut pas dire faire le trottoir Ducon !!!" me maîtrisant pour ne pas être plus violente, et je me dirige vers la sortie, furieuse.
Je suis furieuse car c'est la première fois que je sens la violence monter en moi, voyant bien que j'étais à deux doigts de repousser violemment ce connard, furieuse car une fois de plus je ne peux pas dire que je suis prof sans que cela entraîne des débats interminables, furieuse car chambrée à cause de ma "mauvaise humeur".
Dans ces bars, les femmes servent de faire-valoir, elles sont là pour subir, roucouler et fermer leur gueule. Je trouve ces endroits où des hommes font la cour à des jeunes filles qui ont l'âge de leurs enfants beaucoup plus glauques que les endroits sordides où j'ai pu mettre les pieds. J'ai beaucoup plus peur d'un homme qui croit avoir du pouvoir que d'un dealer croisé dans une ruelle sombre, même si le premier est bien mieux sappé. Ou alors je n'aurais pas du relire American psycho...
2 commentaires:
J'ai jamais vu ce type, et pourtant je me sentirais tellement bien si je pouvais lui mettre une bonne grosse tarte!
Sinon bravo pour la description, j'avais l'impression d'être assis avec vous (d'où l'envie de violence).
Ma réaction est facile, mais ça n'empêche pas:
Les mecs qui donnent des leçons au monde entier complètement bourrés, ça me rend fou, j'en ai vu plus d'un détruire la vie de leur famille en récidivant tous les soirs.
Mais en lisant ton article, il y a aussi ce coté pervers qui me frappe, le mec qui glisse des sous entendus obscènes derrière chaque remarque. Si t'es pas entrain de lui lécher le cul, c'est forcément parce que t'es coincée. Si tu ne te laisses pas rabaisser avec le sourire et que tu prétends avoir une dignité, c'est parce que t'es mal baisée. Sérieusement... comment ça existe encore des dinosaures pareils?
Eh oui, il existe encore des lourdingues, et peut-être que notre seule erreur a été de ne pas l'avoir remis à sa place tout de suite.
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