lundi 25 février 2008

Jouer sa vie

Après cet échec, c'est le moral dans les chaussettes que je quitte la maison. Le moral dans les chaussettes, mais en courant, parce que je suis très en retard pour avoir mon bus.
Vu l'heure qu'il est, je sais qu'il est impossible de l'avoir. D'ailleurs à quoi ça sert de courir, tout ça pour le voir s'éloigner en prenant le virage, rendant la scène encore plus cruelle et pitoyable...
Je me suis donc arrêtée, et j'ai à nouveau failli pleurer face au destin qui s'acharne sur moi. Mais un doute subsiste : si jamais le bus a pris son temps pour une fois pour dégringoler la rue... J'ai une toute petite chance que le chauffeur me voie courir de loin...
Donc pour ne rien regretter, je recommence à trottiner.

Et là je le vois. Il descend la rue ! Je regarde l'arrêt et cours de plus belle : au moins cinq personnes attendent : il va donc s'arrêter !
Je ne pense plus à rien et cours le plus vite possible, je contourne le bus en passant devant, monte à bord et m'effondre enfin dans un siège.
Je ferme les yeux quelques secondes, puis regarde autour de moi, je fixe le plafond et finalement souris.

D'habitude je ne crois pas aux signes du destin, mais là je ne peux pas m'empêcher de faire le lien entre cet épisode qui vient de m'apprendre que même si on pense échouer il reste un espoir et qu'il ne faut surtout pas renoncer, et la situation dans laquelle je suis...



Cet après-midi à la bibliothèque, je croise un homme. Cet homme travaille apparemment sur les sites cristallographiques, chose au programme du Capes. Je le regarde, esquisse une sourire, et sors mon gros classeur de chimie organique.
Il me remarque, me souris à son tour et engage la conversation. Il est prof de Physique-Chimie et prépare l'Agrégation interne maintenant qu'il a le temps de se consacrer à nouveau à ses "études". En effet, avant, sa vie "ne lui a pas laissé le temps". Ce précieux temps sera quelques minutes plus tard incarné par un garçon d'environ 8 ans qui appelle l'homme "papa".

Je travaille à sa table, on galère chacun de notre côté. Quelques regards complices... Avant de partir, il me souhaite bonne chance "N'oublie pas : un concours, il faut le préparer comme si on jouait sa vie".

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